LE CHIEN, LE GÉNÉRAL ET LES OISEAUX

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Légèrement passé inaperçu en salles malgré un accueil critique enthousiaste, Le chien, le général et les oiseaux est un film à découvrir (ou à redécouvrir) d’urgence. Cette histoire de vieux général, que sa rencontre avec un chien va amener à racheter d’une erreur passée, est une fable édifiante doublée d’une merveille d’animation.

Le scénariste n’est autre que Tonino Guerra, bien connu des cinéphiles. Michelangelo Antonioni, Francesco Rosi et Mario Monicelli lui doivent notamment leurs meilleurs films. Il a adapté son propre livre, intitulé Le général et Bonaparte, dont la trame lui a été inspiré par un ami étudiant russe. Ce dernier lui avait raconté une foule d’anecdotes, entre réalisme et poésie, autour de la ville mythique de Saint-Petersbourg. L’une de ces légendes urbaines retint particulièrement son attention.

Le livre, illustré par Sergueï Barkhin, un célébrissime décorateur de théâtre russe, comportait plus de dialogues et de descriptions que le film. Guerra en a conservé, comme il le dit, le squelette, simplifiant le propos pour aller à l’essentiel et laisser l’image s’exprimer à la place des mots. « La fable, dit-il, est le moyen de retrouver la poésie de l’enfance. C’est une façon de recréer le réel, mais avec maladresse. »

Pour finir, nous vous recommandons d’être attentif à la musique, d’une délicatesse et d’une mélancolie infinies. Elle est l’œuvre du fils de Tonino Guerra, Andrea, qui a notamment composé les bandes-originales de Respiro et de A la recherche du bonheur. Une affaire de famille décidément.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE ROI ET L'OISEAU ou encore LA PROPHÉTIE DES GRENOUILLES .

Francis Nielsen, le réalisateur inspiré de ce film d’animation, est né à Annecy en 1947. Ca ne s’invente pas. La préfecture de Haute-Savoie abrite en effet un festival annuel d’animation des plus réputé. Autant dire que ce marionnettiste de formation est tombé dedans quand il était petit…

Après divers boulots d’assistanat, notamment sur Les douze travaux d’Astérix et sur La ballade des Dalton, Francis Nielsen fait, en 1978, une rencontre décisive en la personne de l’irrévérencieux dessinateur belge Picha. Trois ans plus tôt, Picha avait signé le succès mondial La honte de la jungle, dessin animé au premier degré volontairement scabreux dans lequel Tarzan trimballait sa libido en bandoulière. Avec Francis Nielsen comme réalisateur technique, il tourne par la suite Le chaînon manquant et Le Big Bang, deux autres cartoons complètement dingos qui épinglent les petits et gros travers de l’homo sapiens. En 1982, les deux compères prennent leur distance avec le cinéma. Ils créent Stout Studio, société spécialisée dans le dessin animé publicitaire et de commande. Six ans plus tard, Nielsen fonde en solo Rooster Studio et se consacre essentiellement à la télévision pour laquelle il signera notamment la série humoristique Les sales blagues de l’écho qui confirme son penchant assumé pour le mauvais goût. En 1997, il réalise son premier long métrage animé (également pour le petit écran), Le parfum de l’invisible d’après le dessinateur érotique Manara. Nous sommes, comme vous pouvez le constater, encore très loin du film pour enfants.

La principale difficulté rencontrée pour adapter l’œuvre de Tonino Guerra a été de mettre en mouvement les dessins de Sergueï Barkhin, « des pastels proches de l’univers de Chagall » résume Nielsen, impossibles à animer normalement sans trahir leur côté ethéré. Bref, la fluidité à la Disney, très peu pour lui ! Nielsen opte finalement pour un style d’animation dont le rendu se rapproche du papier découpé, technique d’animation répandue dans les pays de l’est qui donne au film une touche artisanale cohérente avec l’ambition de départ. Avec l’aide d’un vieux complice, Patrick Clerc, Nielsen effectue en parallèle un gros travail sur les décors et les couleurs. Avec ses références à l’iconographie russe et persane, Le chien, le général et les oiseaux dénote une sorte « d’orientalisme slave » tout à fait originale et frappante, à laquelle les enfants sont en général particulièrement sensibles. Cela contribue à faire de cette œuvre atypique un plaisir pour les yeux constamment renouvelé.

Sous ses airs de gentil conte pour enfants, voilà un dessin animé d'une générosité, d'une tendresse rare. Malgré une animation des plus sommaires et une morale un peu niaise, on ne peut que se réjouir de l'existence d'un film qui, en plus de se passer dans un contexte historique ...