LE DIABLE DANS LA BOÎTE

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Premier long métrage de Pierre Lary, le Diable dans la boîte sortit à Paris en avril 1977. Alternativement qualifié de fable sociale ou politique, de conte philosophique ou de satire, il montre la révolte d’un certain Alain Brissot, cadre dans une grosse boîte d’électronique, soudain licencié.

Chef du service des relations publiques tranquillement installé au 24e étage d’une haute tour de la Défense, Alain Brissot, en effet, va se révolter, occuper les lieux, entamer une grève de la faim et menacer de se suicider pour lutter contre cette injustice qui, brutalement, bouleverse son existence, tout en lui faisant comprendre la vanité de ses illusions et la précarité de ses privilèges.

C’est Jean Rochefort – juste avant Nous irons tous au paradis – qui incarne le rebelle Brissot, face à Michael Lonsdale, son piteux patron, et Anouk Ferjac, sa douce épouse. Complètent notamment la distribution : Dominique Labourier en kinésithérapeute mutine et salvatrice, Micheline Presle en épouse du bosse et Bernard Haller en organisateur d’improbables séminaires. Sans oublier : Bernard Le Coq, Didier Flamand, Alexandre Rignault, Jean Davy ainsi que Christian Clavier, Michel Blanc et Thierry Lhermitte, et même, brièvement, Noëlle Châtelet (déjà sœur de Lionel de Jospin !) en silencieuse amie d’Anouk Ferjac. Dans Parsicope, José-Maria Bescos écrira à propos de ce casting : "Ils sont tous [...] tellement bons qu’ils font du Diable dans la boîte, le film le mieux joué de ces dernières années."

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L’IMPRÉCATEUR (1977) (Sorti le même jour et également interprété par Michael Lonsdale, l’Imprécateur plonge également dans le monde Shakespearien de l’entreprise.) ou encore LE COUPERET (2005) (D’une façon encore plus radicale, Bruno Davet (José Garcia) lutte contre l’injustice du chômage.).

Assistant de Luis Bunuel, depuis 1964 et le Journal d’une femme de chambre, Pierre Lary a presque 50 ans lorsqu’il entame sa carrière de réalisateur avec le film que vous venez de voir ; raison pour laquelle Jean Rochefort le surnomma : « le plus vieux débutant du cinéma français ». Assistant mais aussi comédien, on peut le découvrir notamment en curé dans Belle de jour, en moine dans la Voie lactée ou en tueur poète dans le Fantôme de la liberté. C’est dans ce dernier film que Pierre Lary rencontra Jean Rochefort et Michael Lonsdale. Cinq ans plus tard, il retrouvera Rochefort pour l’Indiscrétion et, vingt ans plus tard, pour un épisode de la série télévisée : les Bœuf-carottes. C’est également en travaillant avec Bunuel que Lary fit la connaissance de Jean-Claude Carrière. C’est avec lui et avec la romancière et journaliste Huguette Debaisieux qu’il écrivit le Diable dans la boîte.

Grand reporter au Figaro et auteur de nombreuses enquêtes sur le monde de l’entreprise, Huguette Debaisieux avait rencontré Pierre Lary à l’occasion de plusieurs reportages pour Magazine 52, le magazine d’information hebdomadaire de F.R.3. Après le conflit des Lip à Besançon en 1973, ils avaient mené ensemble une enquête sur le bien nommé « quartier des affaires » de la Défense. Ce travail leur donna l’idée du film que vous venez de voir. « C’est en accumulant des détails vrais que nous avons pu aller aussi loin que possible sans tomber dans la caricature, expliqua Pierre Lary. […] Nous n’avons pas cherché à faire un film polémique, encore moins militant. Nous nous sommes simplement arrêtés un instant pour essayer de comprendre ce qui faisait courir les cadres. » Interrogé à ce propos par Valeurs actuelles, Yvan Charpentié, Président de la Confédération générale des cadres de l’époque, déclara : « L’intrigue de ce film demeure heureusement une fiction mais tous les détails sont très proches des réalités que l’on observe quotidiennement. »

Bien après la sortie du film, on découvrira qu’Huguette Debaisieux, proche de Charles Hernu – l’un des lieutenants de François Mitterrand –, recevait régulièrement chez elle à Neuilly, un jeune élève de Science Po, ami de sa fille Lorène, un certain François Hollande. D’après Serge Raffy, auteur d’une biographie paru en 2012 – Le Président : François Hollande, itinéraire secret –, elle initia le novice à la politique, devenant même pour lui "une sorte de marraine".

Quand j'ai regardé le film 'L'indiscrétion', j'ai tout de suite pensé à 'Blade Runner'. Beaucoup de ressemblances - Jean-Pierre Marielle pourrait être le double d'Harrison Ford, à moins que ce ne soit le double sans moustache de Jean Rochefort... ...