LES NAINS AUSSI ONT COMMENCÉ PETITS

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Après SIGNES DE VIE, LES NAINS AUSSI ONT COMMENCE PETITS est le deuxième long métrage de Werner Herzog. Tourné en 1969, c’est un film déconcertant sur une révolte de nains dans un centre de redressement. Une révolte absurde qui ridiculise les rituels sexuels, religieux et moraux du monde, mais qui tourne au vandalisme, à l’autodestruction et à l’échec.

Ce film radical a provoqué des réactions violentes lorsqu’il fut présenté à la Quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes en 1970. Certains y voyaient une parabole sur le fascisme. D’autres, une parodie grotesque de la condition humaine dénonçant le nain petit-bourgeois qui sommeille en chacun de nous. C’est l’un des thèmes favoris du cinéaste : la petitesse de l’homme, écrasée par l’immensité de l’univers.

L’île volcanique Lanzarote, dans l’archipel des Canaries, cadre de plusieurs films de science-fiction comme UN MILLION D’ANNEES AVANT JESUS-CHRIST ou L’ILE MYSTERIEUSE de Bardem, sert à merveille le constat cruel du cinéaste. Il exploite les falaises imposantes dans lesquelles les nains errent sans but, filme les arbres desséchés d’un paysage aride et désertique. A ce décor naturel s’ajoutent des objets également disproportionnés : porte, voiture, téléphone, lit nuptial. Les nains sont confrontés à un environnement hostile et démesuré qui rend leur révolte aussi vaine et dérisoire que le sera la colère d’Aguirre, au cœur de l’Amazonie. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver AU ROYAUME DES CIEUX (De Julien Duvivier, 1949. Révolte dans une maison de redressement pour jeunes délinquantes.) ou encore THE TERROR OF TINY TOWN (Seul autre film entièrement interprété par des nains. Réalisé en 1938 par Sam Newfield.).

L’œuvre de Werner Herzog partage un point commun étonnant avec un western fauché américain de 1938, THE TERROR OF TINY TOWN, de Sam Newfield, lui aussi entièrement interprété par des nains. Alors que la disproportion des objets, comme les portes du saloon, devenaient source de plaisanteries, chez Herzog elle provoque le malaise. Auteur d’une étude sur le cinéaste, Emmanuel Carrère dénonce ses choix esthétiques, l’abus de la plongée, assimilant les nains à des monstres, plaçant définitivement le réalisateur en démiurge absolu, privé de toute compassion et faisant de son film une horrible réussite, suscitant une gêne persistante.

Des critiques lui reprochèrent d’être cruel avec ses comédiens quand lui ne voyait qu’un simulacre de cruauté, de la violence, du blasphème, de l’anarchie, qui sont autant d’appels au secours. Le ricanement désespérant de Herzog est aussi l’expression d’un regard lucide sur les contestations de 68 et ses échecs. Comme les poules, volatiles de répulsion pour Herzog, les insurgés finissent par s’en prendre aux plus faibles et se battre entre eux.

Le cinéaste fétiche de Klaus Kinski n’aime pas la mesure. Sa férocité est celle d’un caricaturiste. Il force le trait, maquille outrageusement ses nains, s’attache aux détails saugrenus, capte leurs rires suraigus. « Dans ce film, explique-t-il, je force le spectateur à reconnaître qu’il y a un nain en chacun d’eux. C’est en cela que c’est un film désespéré. Quand on regarde un nain isolément, il est très beau, très bien proportionné et pourtant il y a quelque chose de différent en lui. Il est comme un condensé, une essence de ce que nous sommes. » A Piéral qui se plaignait du regard des autres, Jean Cocteau avait répondu : « Eh bien dérange-les, c’est ce qui peut leur arriver de mieux. » C’est justement ce que voulait Herzog, que son film engueule le spectateur.

Les Nains aussi ont commencé petits est un film cruel, d'un extrême cynisme, extraordinaire. Rien que le titre d'abord, cet incroyable titre, magnifique, d'une ironie profonde. Werner Herzog dépeint ici un film où les seuls protagonistes sont des nains. Des nains dans une ...

Herzog est jeune, herzog en a rien à foutre. Plus tard il cherchera à comprendre la folie des hommes avec ses documentaires et il la sublimera avec ses films, mais la non. C'est juste de la folie, pas d'hommes. Alors le titre est vachement dégueulasse puisque qu'il nous vend ...

La première question à se poser avant et après un tel film, c'est : qu'est-ce qu'on peut bien attendre d'un film dont le titre est Les Nains aussi ont commencé petits ? Une chose est sûre, ce que nous propose Herzog est imprévisible, au sens où quelles que soient nos attentes, ...