MARTHE

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Un individu peut-il se reconstruire après avoir été cassé, brisé, dévasté par la pire des tragédies ? Question posée au regard du destin de Simon, grand blessé de la bataille de l'Argonne en 1915. Un jeune homme au corps et à l'âme en mille morceaux, transféré loin du front dans un hôpital. Là, entre des soins douloureux et le bruit ou la fureur des combats résonnant toujours en lui, Simon va soudainement découvrir qu'un ange s'est penché sur son triste sort. Un ange qui porte un prénom, Marthe….

Jean-Loup Hubert signe avec ce film sur la renaissance des êtres un magnifique portrait sentimental des temps rudes de la grande guerre.

On y croise Bernard Giraudeau ou Gérard Jugnot mais surtout deux comédiens alors encore à l'orée de leur parcours en 1997 : Guillaume Depardieu et Clotilde Courau. Ce superbe couple de cinéma endosse avec élégance et douceur les rôles de ces jeunes gens fauchés par l'Histoire et qui vont tout mettre en œuvre pour écrire la leur…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA CHAMBRE DES OFFICIERS (Réparer les "gueules cassées" de la grande guerre mais aussi les âmes de ces soldats fauchés bien souvent en pleine jeunesse était une tâche difficile voire impossible...) ou encore UN LONG DIMANCHE DE FIANCAILLES (Croire toujours et encore que la vie peut émerger de l'horreur. Retrouver un amoureux fauché au front des combats ou retrouver l'amour malgré les blessures...).

Marthe n'est sans doute pas le film le plus connu ou reconnu de Jean-Loup Hubert. Dix ans avant celui que vous venez de regarder, le réalisateur a signé un classique du cinéma populaire et rural avec Le grand chemin. Anémone et Richard Bohringer y jouaient un couple de paysans accueillant le temps d'un été un petit citadin et lui faisant découvrir bien plus que les joies de la campagne… Le triomphe du film en salles, (couronné des César des meilleurs comédiens pour ses deux interprètes principaux), faisait suite au joli succès  de La smala, sorti en 1984. Une comédie potache sur la solidarité dans les quartiers, avec Josiane Balasko, Victor Lanoux ou Dominique Lavanant. Un long métrage qui fait aujourd'hui figure d'exception confirmant la règle de la gravité dans la filmographie de Jean-Loup Hubert.

Mais, aucun des films qui suivront Le grand chemin ne rencontrera vraiment le public : Après la guerre de nouveau avec Bohringer en 1989, La reine blanche avec Catherine Deneuve l'année suivante ou A cause d'elle en 1993. Marthe n'a pas lui non plus brillé au box-office de l'année 97 mais si l'on en garde aujourd'hui encore un souvenir ému, c'est aussi en raison de la fraîcheur presque innocente de son casting.

Le couple Courau-Depardieu fait, avouez-le, des merveilles à l'écran. Clotilde Courau, (révélée en 1990 dans Le petit criminel  de Jacques Doillon), poursuit son joli parcours, ponctué par d'excellents films comme Elisa de Jean Becker, L'appât de Bertrand Tavernier, Fred de Pierre Jolivet, Embrassez qui vous voudrez de Michel Blanc ou La môme d'Olivier Dahan et ses obligations de princesse de la Maison de Savoie. Guillaume Depardieu lui a laissé la trace d'un météore dans le ciel du cinéma français. Tous les matins du monde, Cible émouvante, Les apprentis, "…comme elle respire" ou Versailles portent la trace de ses fêlures et de ses fulgurances, ce qui le ramène d'ailleurs à Simon, son personnage dans Marthe…

Durant la Première Guerre Mondiale, un jeune soldat blessé au front est transféré dans un hôpital afin d'être soigné. Le temps de sa convalescence, il va faire la rencontre d'une institutrice dont il va tomber fou amoureux.Le film a l'intérêt non pas de faire ...