PIN-UPS 2

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Produit, réalisé et monté par Andrew Blake en 1999, Pin-ups2 représente un exemple abouti du son style. Ancien photographe de charme, transposant l’esthétique de la mode dans la pornographie, Blake crée un univers sophistiqué et glacé, peuplé de top-modèles magnifiées par la lingerie de luxe, des accessoires fétichistes, le stylisme des coiffures et des maquillages, dans lequel l’homme devient un objet utilitaire, quand il n’est pas tout simplement absent. Car les séquences hétérosexuelles sont rares, cédant la place à des scènes exclusivement féminines : masturbations solitaires, triolisme, explorations de vulves épilées par des doigts manucurés, aux ongles nacrés, ou par des godes en verre. Le fétichisme domine à travers des jeux de soumissions, des fessées amoureuses, la fascination pour les serrages de corsets et le port de vertigineux talons-aiguilles. Certaines images sont inspirées par Helmut Newton, d’autres rendent hommage aux photographies de bondage d’Irving Klaw, le découvreur de Bettie Page. Icône fétichiste, adepte du corset ultra serré et du glamour vintage, Dita von Teese est l’une des incarnations rêvées de ces fantasmes, se laissant pénétrer par le talon recouvert d’un gode de la chaussure à plate-forme d’Anita Blond. Il s’agit là de l’une des très rares incursions dans le hardcore de la future ex-Madame Marilyn Manson, depuis devenue l’une des reines du burlesque.

 
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Le générique final de Pin-ups2 indique « visual screenplay : Andrew Blake ». Il s’agit bien en effet d’une succession d’images plus que d’un scénario narratif, qui privilégie un esthétisme léché, alternant des plans en couleurs avec des images tournées en noir et blanc. Blake filme avec deux caméras 16 mm pour obtenir un meilleur rendu que ne le permettait la vidéo.

Mais la pornographie peut-elle à ce point être maîtrisée ? Poser la question, c’est déjà émettre un doute. Andrew Blake a porté le « porno chic » à des sommets qui lui ont valu de nombreux prix. Mais ce maniérisme extrême porte en lui ses propres limites. Ses détracteurs avancent les mêmes raisons qui poussent certains à le porter aux nues. La virtuosité du montage, hautement revendiquée par Blake, jouant magnifiquement de l’enchevêtrement de plusieurs scènes, dilue la charge érotique de chacune d’entre elles. L’esthétique du clip ne restitue pas la montée du désir ; la multiplicité des plans vise à une abstraction, comme les effets de ralentis. Il y a aussi beaucoup à dire sur le travail de la bande son. Comme des poupées mécaniques, les actrices de Blake sont privées de voix, de cris, de gémissements, autant d’éléments qui font la force du porno amateur, et remplacés par une musique originale de son compositeur attitré Raoul Valve, mêlant l’électronique à des thèmes classiques retravaillés. Pin-ups2 peut se voir comme un travail expérimental vidant le sexe de sa substance. « Je n’aime pas le terme de pornographie, explique Blake. Disons que je donne une certaine vision de l’érotisme dans sa version la plus osée. » Pour beaucoup d’entre nous, cet aveu est celui d’un puritain, aussi brillant soit-il dans l’art d’embellir et de déshabiller les femmes.