RÊVE DE SINGE

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Comme souvent chez les surréalistes, il faut chercher derrière des images folles, une part visionnaire. Le cinéma de Marco Ferreri en aura souvent débordé. Au point d'en faire aux yeux du public un provocateur là où la plupart de ses films se révèleront être des réflexions, souvent prophétiques, sur les transformations sociales.

Rêve de singe est une des apogées de ces inquiétudes sur le devenir de l'espèce humaine, une fable en apparence étrange autour d'un Gérard Depardieu vivant à New York entre jobs dans un musée de cire et une compagnie de théâtre féministe. Il va trouver un bébé-singe qu'il va élever comme son fils. 

Rêve de singe confirme le penchant naturel pour le pessimisme d'un Ferreri envisageant une fin de cycle pour le monde, une nécessité à en finir avec la masculinité (le titre italien du film, Ciao Maschio, étant plus que clair sur ce point) pour remettre à plat les contacts humains. Pour autant c'est l'un de ses films les plus pétris d'espoir, quand il espère qu'une fois les jungles urbaines détruites, tout pourra renaître,que toute fin ne soit que l'annonce d'un nouveau début, d'une renaissance loin des modèles établis et des stéréotypes.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA DERNIÈRE FEMME (Un autre film de Marco Ferreri s'interrogeant sur la condition masculine.) ou encore LE FANTÔME DE LA LIBERTÉ (Le cinéma de Ferreri est en osmose de celui de Bunuel, dont ce film partage la même vision du monde.).

Lorsqu'il vient présenter Reve de singe au festival de Cannes en 1978, Marco Ferreri est encore dans les esprits le cinéaste du scandale que fut La grande bouffe. Il n 'est pas interdit de voir dans ce nouveau film une extension de sa satire de la société de consommation mais les errances new-yorkaises d'un Gérard Depardieu s'inscrivent bien dans un autre cycle du cinéaste consacré au mal-être des hommes, à un déclin du statut masculin. Rêve de singe succède d'ailleurs à La dernière femme, déjà avec Depardieu, en père déboussolé par sa séparation avec une femme ne supportant plus sa part possessive, resté célèbre pour sa scène d'auto-émasculation.

Rien d'aussi graphique dans Rêve de singe, même si ce film-là prolonge la thématique d'une civilisation patriarcale au bord de l'Apocalypse. A moins qu'elle n'aie déjà eu lieu, quand le New York du film est quasi-déserté, plus habité par des rats que par des humains, où quand le symbole absolu de la virilité qu'est King Kong voit sa dépouille échouée sur une plage, pas très loin de la Statue de la liberté, presque la même que celle du finale de La planète des singes, mais c'est bien celle des Hommes qu'explore Ferreri. Rêve de Singe la ramenant à une part primitive, au moment où il faut repenser les règles sociales.

Ferreri donne l'exemple en réinventant un monde qui tâtonne, de l'anglais maladroitement parlé par des acteurs européens, Depardieu donc, mais aussi Marcello Mastroianni ou en s'essayant à des situations absurdes, faussement surréalistes quand elles proposent via une guenon recueillie, une forme d'innocence sur laquelle il faudra tout reconstruire, se débarrasser des modèles toxiques pour installer un rapport plus égalitaire entre les hommes et les femmes. A sa sortie, Rêve de sing laissera le public perplexe. Quarante ans plus tard, ses questionnements sont définitivement d'actualité via le phénomène #MeToo et consorts. Le Rêve de Ferreri n'était qu'une introduction à une réalité contemporaine.

Un film tendre et amusant dans ses incongruités, à la fois très attachant, doux-amer et plus complexe qu'il n'y paraît de prime abord. Marco Ferreri signe une intrigante et envoûtante fable sur la condition humaine au travers de la figure charismatique de Gérard Lafayette, ...

J'aime beaucoup Ferreri. D'aucuns le dépeignent hâtivement comme un petit provocateur et cela me parait plutôt injuste. Il n'est pas seulement un provocateur. Ou alors il est un grand provocateur. C'est je pense un poète qui puise à la source de ses peurs et fantasmes une ...

Dans "Rêve de Singe", Ferreri le fou se prend pour Christophe Colomb et filme l'Amérique : King-Kong est mort, et la seule façon d'être amoureux, c'est de l'être d'un autre singe. Sur le mur, inscrit à la bombe, le mot "why ?" : la métaphysique, encore, revient, et on se ...