RHINO

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Après son premier long métrage Gamer (2011), le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov pensait enchaîner avec Rhino, mais les événements l’en ont empêché : arrêté par le FSB  parce qu’il avait protesté contre l’annexion de la Crimée par la Russie, il a été condamné à vingt ans de prison après un procès truqué en 2015. Il n’a été libéré que 4 ans après sous la pression internationale. 

Depuis, il a réalisé un autre film (Nomery) avant de pouvoir reprendre ce projet qui dresse le portrait brut d’un gangster dans l’Ukraine post-URSS des années 90. Après un préambule techniquement impressionnant qui décrit depuis l’enfance les principales étapes ayant déterminé le destin de ce personnage hors norme, physiquement insensible à la douleur, on suit ses efforts pour se hisser au sommet de la hiérarchie de la pègre de la seule façon qu’il connaisse : la violence. 

Porté par son omniprésent interprète principal, le film est raconté en flashbacks à l’occasion d’une confession à un confident mystérieux.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BRONSON (Même parcours d'un gangster déterminé par la violence.) ou encore COLIN MAILLARD (Pour sa description des moeurs de la mafia russe dans une ville de province des années 90.).

Oleg Sentsov a déclaré qu’il avait vécu plusieurs vies et on peut le comprendre au vu de son parcours marqué par les convulsions de l’histoire. Dans une de ces vies, il a été cinéaste, mais il est difficile de séparer cette vie des autres. Né en Crimée en 1976, il a étudié l’économie avant de se diriger vers la réalisation de films et l’écriture de scénarios. Son premier film Gamer, qui raconte l’histoire d’un jeune Ukrainien qui devient un virtuose de jeu video en ligne, a obtenu suffisamment de succès pour lui permettre de financer ce qui devait être son deuxième long métrage, Rhino, dont le tournage devait débuter en été 2014. Entretemps, Sentsov avait pris parti pour la révolution de Maïdan contre l’invasion de la Crimée par Les Russes. Arrêté le 11 mai 2014 par le FSB (l’ancien KGB), Sentsov a été accusé de terrorisme et détenu jusqu’à son procès au terme duquel, le 25 aout 2015, il est condamné à vingt ans de prison. Entretemps, de nombreux cinéastes ont signé en vain des pétitions pour le faire libérer : Agnieszka Holland, Ken Loach, Mike Leigh, Pedro Almodovar. En 2018, il entame une grève de la faim qui durera 100 jours et mobilisera encore le soutien de nombreux artistes et cinéastes internationaux, toujours en vain. Il faudra attendre l’été 2019 pour que la Russie le libère en échange de prisonniers russes détenus par l’Ukraine. Peu après, il a reçu le Prix Sakharov, qui lui avait été décerné pendant sa détention. Il a rappelé dans son discours de remerciement sa méfiance vis-à-vis de Vladimir Poutine.

Il reprend son activité de cinéaste, d’abord avec Nomery (2020) une fable dystopique adaptée d’une pièce qu’il avait écrite dix ans auparavant et qu’il a en fait dirigé depuis sa prison, en faisant passer des instructions par le biais de son avocat.

C’est seulement ensuite qu’il a pu réaliser Rhino, avec quelques années de retard. Avec l’invasion de l’Ukraine en février 2022, Sentsov a commencé encore une nouvelle vie en s’engageant dans l’armée de défense territoriale de Kiev.

Rhino n’a probablement aucun rapport avec la situation actuelle de son pays d’origine, l’Ukraine, victime de l’agression militaire russe, et pourtant... À travers l’ascension d’un jeune provincial dans les années 90, c’est toujours un peu la quête d’indépendance ...

Un film qui aurait pu ne jamais voir le jour , suite à l'arrestation et l'emprisonnement de son réalisateur. Il s'agit d'un thème finalement très classique : l'histoire , des débuts à son ascension puis à sa chute, d'un gangster, récit s'étalant sur une vingtaine d'années. ...