SANS LAISSER DE TRACES

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Toute réussite a forcément un ou plusieurs cadavres dans le placard. Et un cadavre, il y en a un dans le placard d'Etienne. A bientôt quarante ans, tout lui sourit et il est sur le point de prendre la présidence de son groupe, une importante société de produits chimiques qui compte pas moins de 15 000 employés. Mais la conscience d'Etienne ne le laisse pas en paix. Il sait parfaitement qu'il a commis une injustice au début de sa carrière et que c'est cette injustice qui l'a précisément lancé. Convaincu par François, un ami de lycée qu'il vient juste de retrouver, il décide de se rendre chez l'homme qu'il a lésé à l'époque pour soulager sa conscience et lui proposer un dédommagement. Mais le ton monte et les choses tournent mal, François, en essayant de le neutraliser, tue involontairement l'homme qui menaçait Etienne. Etienne tente alors de reprendre le cours de sa vie, mais celle-ci vire peu à peu au cauchemar. Il est harcelé par François, son ami qui lui veut du bien, et rattrapé par l'enquête de police. Plus Etienne se débat, plus l'étau se resserre. 

Un scénario diabolique, une mécanique implacable, des comédiens parfaits font de ce film un thriller "à la française" qui sait habilement manier le suspens mais n'enlève rien à l'empathie que l'on a, du début à la fin, pour ces personnages victimes d'un destin malicieux.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SENS UNIQUE (ROGER DONALDSON - 1987) ou encore HARRY, UN AMI QUI VOUS VEUT DU BIEN (DOMINIK MOLL - 2000) .

Grégoire Vigneron et Laurent Tirard travaillent ensemble pour la première fois en 2004 sur le scénario de Mensonges et trahison et plus si affinités réalisé par Laurent Tirard où Edouard Baer faisait merveille en nègre littéraire totalement paumé. C'est le début d'une prolifique et intéressante collaboration entre les deux auteurs-réalisateurs. Ils se retrouvent en 2007 pour Molière, toujours réalisé par Laurent Tirard où Romain Duris incarnait un Jean-Baptiste Poquelin jeune. Le tandem enchaîne en 2009 sur Le petit Nicolas avec le succès que l'on sait avant de s'atteler à Sans laisser de traces qui sera la première réalisation de Grégoire Vigneron.

Ce qui intéressait les deux scénaristes dans le personnage d'Etienne avait trait à la morale. Nous avons tous besoin de justice, explique le réalisateur. Nous voudrions que l'effort soit récompensé, qu'à un comportement donné corresponde une réponse adéquate, que les choses finissent bien pour les bons. Or, dans la vraie vie, les choses ne se passent pas ainsi. C'est un film sur le scrupule, la culpabilité, le doute et la confiance en soi. Est-ce que je mérite ce qui m'est donné ? C'est effectivement au moment où Etienne va réussir que le remords devient le plus douloureux. Et c'est à ce moment qu'il retrouve Patrick, une sorte de double pulsionnel, déchaîné, qui refuse tout compromis. Patrick passe à l'acte tout le temps. La rencontre avec lui bouscule Etienne, le fait passer à l'acte pour essayer de réparer ce qui le gêne, au risque de tout perdre.

Pour Grégoire Vigneron le choix de Benoit Magimel pour le rôle d'Etienne s'est rapidement imposé. On s'attache à lui, même s'il a commis des fautes. Je cite le cinéaste : "J'avais une grande confiance dans sa capacité à capter la sympathie du public, sans aller la chercher. Je souhaitais travailler avec lui dans la sobriété, avec cette espèce de neutralité dans le jeu qui respecterait l'écriture, suffisamment construite pour décrire la mécanique qui avance, qui progresse comme un piège qui se referme sur le personnage. " Fin de citation.

François-Xavier Demaison était un choix culotté pour incarner un personnage aux antipodes de ce qui l'avait rendu populaire. D'ordinaire habitué à jouer des rôles de comédie, il interprète ici un type peu recommandable, qui plus est dans un thriller, registre auquel il ne s'était jamais frotté jusqu'à présent. Mais il réussit à rendre son personnage étrangement touchant parce qu'il est sincère et formidablement crédible. Initialement, Sans laisser de traces devait s'appeler Indélébile.

La première partie du film peine un peu à lancer l'histoire : la bande-annonce en a trop dit pour que le charme opère tout à fait et on avance en sachant à quoi s'attendre, d'autant plus qu'il y a comme un faux air de Harry, un ami qui vous veut du bien dans tout ça et que ...

Pas transcendant d'originalité mais efficace. Ce film m'a rappelé Le Couperet que j'avais beaucoup aimé. Le suspense est bien dosé et les acteurs s'en tirent très bien. Et puis gros coup de coeur pour Léa Seydoux. ...

Benoit a tout pour être heureux : une femme canon dans son lit (même si la conception de leur premier enfant semble poser problème), un boulot qui le passionne et pas mal de fric. Le PDG de sa boite, le père de sa femme, se retire et laisse la place à son gendre. Consécration ...