SEMA THE WARRIOR

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Sema the warrior. Sema le guerrier. Le titre annonce la couleur. Nous sommes confrontés à un héros d’airain, de ceux qui bâtissent des légendes. Quand commence notre histoire, Sema n’est encore qu’un jeune forgeron, plein de déférence pour son père, d’affection pour sa sœur, mais aussi d’amour pour le belle Lady Raraï, qui pourtant appartient à une classe qui n’est pas la sienne. Pire, celle-ci est fiancée à Moo Khan, un guerrier aussi impétueux que jaloux. De fil en aiguille, toutes les plaies d’Egypte s’abattent sur les épaules de Sema. Son père est ruiné, sa sœur enlevée, il est banni du royaume sous un fallacieux prétexte. Mais comme notre homme n’est pas de ceux qui s’avouent vaincus, il fait front et devient un pilier de l’armée des rebelles qui lutte contre l’envahisseur birman.

Un ennemi que nous n’avons guère l’habitude de fréquenter, même quand on va au cinéma plus que de raison. Mais il faut dire que Sema the warrior est un film thaïlandais. Et que sa légende s’inscrit dans l’Histoire de ce pays d’Extrême-Orient plus connu pour ses treks aux confins du triangle d’or et ses sensuels body-bodies que pour son Histoire, aussi glorieuse soit-elle. Mais comme vous brûlez d’en savoir plus, ce serait cruel de ma part de ne pas ajouter que l’action se déroule au XVIIIè siècle, alors que la cour d’Ayutthaya vit ses derniers moments. Car après avoir échoué à réduire leurs voisins thaïs en 1750, puis en 1760, les Birmans finissent par l’emporter en 1767. La famille royale fuit alors la ville où le roi meurt de faim quelques jours plus tard. C’est la fin d’une dynastie. Et Ayutthaya va bientôt laisser la place à Bangkok comme capitale du royaume. Dans les années 1790, les Birmans seront à leur tour défaits et invités à retourner d’où ils venaient. Mais ceci est une autre histoire.

Cela étant dit, Sema the warrior n’est pas à proprement parler un film historique. Ou alors il faut considérer que nous n’avons plus rien à apprendre sur la Guerre de Sécession après avoir vu Autant en emporte le vent. Si l’Histoire est bien présente, c’est au milieu d’autres influences. Car la tentation est grande d’émouvoir, de faire rire, mais aussi de se laisser aller à une certaine fascination pour les exploits guerriers. Un parfait mélange des genres qui peut surprendre autant qu’il séduit.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver RAN (C'est un autre film asiatique à cadre historique qui traite du pouvoir et de la guerre) ou encore BANG RAJAN (C'est un autre film de résistance signé par le même réalisateur.).

Avouons-le, le cinéma thaïlandais n’est pas dominant en Europe. Beaucoup n’en avaient même jamais entendu parler jusqu’à ce que Apichatpong Weerasethakul décroche la Palme d’or en 2010 avec Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures ... Un film somme toutes assez élitiste, qui n’a d’ailleurs pas attiré les foules en son pays natal. C’est l’inverse pour Tanit Jitnukul (qui parfois se présente sous le nom de Tanit Jitnukun), dont les films ne sortent par chez nous qu’en DVD, mais qui cartonnent du côté du Mékong. Tanit Jitnukul n’est pourtant pas le premier venu. Diplômé d’une école d’art, il entre dans le monde du cinéma en dessinant des affiches. Jusqu’à ce qu’il ait la possibilité de codiriger un film d’Adirek Wattaleela, mieux connu en Thaïlande sous le pseudonyme d’Oncle. C’est ce bienveillant tonton qui lui met le pied à l’étrier en l’an 2000, en produisant Bangrajan. Un drame historique plein de bruit et de fureur dont notre ami Tanit se fera bientôt une spécialité.

Mais les quatorze films que compte sa filmo ne sont pas pour autant sortis d’un même moule. Tanit sait aussi réaliser des films d’horreur, des films d’action, et même des comédies. Mais c’est pour revenir dès qu’il le peut à son genre de prédilection. Dix ans après Bangrajan, il signe d’ailleurs un Bangrajan 2 qui ne laisse pas de marbre les amateurs du genre. Parmi lesquels un certain Oliver Stone, qui a payé de sa personne et ouvert au cinéaste thaï les portes du marché américain. Mais les Français ne sont pas forcément à la traîne. Car Tanit Jitnukul a obtenu à Deauville le Lotus du meilleur réalisateur pour encore et toujours son inévitable Bangrajan. C’était en 2001.

A cette date, le cinéma thaï avait eu largement le temps de faire ses preuves. S’il n’y eut ni Méliès ni Chaplin du côté de Chang Mai, il faut quand même dire que le premier film thaïlandais a été produit en 1922, un documentaire ferroviaire intitulé Sam Poi Luang. Il faudra attendre cinq ans de plus pour voir un film de fiction. Qui fera des petits, puisque 17 films sont réalisés entre 1927 et 1932. Mais il faudra attendre les années 70 pour que la production explose : 150 films pour la seule année 78. C’est quantitativement impressionnant, même si la majorité apparait comme plutôt médiocre. Et même si au final ce sont les productions étrangères qui ayant élu domicile au pays du sourire nous font connaître les charmes de ce pays. Alors vive le cinéma. Ou plutôt อยู่โรงหนัง.