TONY

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Tony est un londonien banal. Il passe même inaperçu car n'a pas d'amis, pas de famille et passe son temps à regarder des films d'action en vidéo.  Seule particularité, mais de taille: Tony est un tueur en série.

S'il fallait ranger le film de Gerard Johnson quelque part, ce n'est pas sur la même étagère que Le silence des agneaux ou Seven. Tony appartient à une autre catégorie, plus proche dans son portrait clinique d'un psychopathe d'Henry, portrait of a serial killer ou Taxi Driver. Comme eux, il relate la déconnexion d'un quidam de la société et de ses règles. Pas d'explications ni de condamnation, juste une plongée dans le cerveau d'un homme dérangé.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TAXI DRIVER (La matrice de Tony, et de la plupart des portraits psychologiques de tueurs en série au cinéma.) ou encore HENRY, PORTRAIT OF A SERIAL KILLER (Relatant les faits et gestes d'Henry Lee Lucas, une description les plus glaçantes de la psyché d'un tueur en série).

Il y eut un premier galop pour Tony. En 2005, Gerard Johnson, réalisait un court métrage introduisant le personnage. Bricolée avec les moyens du bord, jusqu'à proposer à Peter Ferdinando, un de ses cousins d'interpréter le rôle-titre, cette ébauche séduira des producteurs indépendants qui proposeront à Johnson d'en tirer un film plus long.

Contrairement à son extension, le court métrage jouait sur une forme de suspense, ne révélait pas d'emblée que Tony est un tueur en série. Johnson préféra un autre ton pour le long métrage. Pas d'intrigue à rebondissements, ni de résolution, juste la semaine ordinaire d'un assassin noyé dans la masse. Une manière d'infiltrer le film de serial killer, devenu un genre en soi, par une vision plus sociale, dans la lignée de cinéastes anglais comme Mike Leigh ou Alan Clarke.

Johnson assume d'ailleurs totalement cette filiation : il a tenu à ce que Vicky Murdock tienne le rôle de la voisine de Tony. L'actrice est restée célèbre au Royaume-Uni pour avoir joué, en 1987, le rôle principal de Christine, un téléfilm d'Alan Clarke sur le quotidien d'une ado accro à l'héroïne, pas très éloigné, dans sa noirceur, de celui de Tony, tueur en mal d'amour.

Le cinéaste anglais Gerard Johnson n’a réalisé que deux courts-métrages avant le film traité ici : Mug (2004) et Tony (2005). Le dernier des deux n’est rien d’autre que la maquette de ce qui allait devenir en 2009 un portrait sobre et réaliste d’un personnage de tueur ...

Étant très au fait de par d'innombrables lectures et documentaires sur les tueurs en série et tueurs en général, et de par le fait de leur psychologie, aucun tueur n'est exactement pareil. Mais ce film montre parfaitement (si l'on peut dire) le quotidien d'un tueur comme pouvait ...