UNE ÉTOILE EST NÉE

en VOD

Certaines histoires sont si bonnes qu'elles n'en finissent plus d'être racontées. Celle d'Une étoile est née a traversé les décennies hollywoodiennes en devenant l'objet de trois remakes, tous descendants du film originel signé William Wellman en 1937.

N'en déplaise à un panthéon qui a plutôt ouvert ses portes à la seconde version, celle de George Cukor avec Judy Garland et James Mason, le récit de la relation tumultueuse entre une aspirante actrice issue d'un milieu modeste et une star confirmée qui va la prendre sous son aile est bel et bien né avec cette pierre angulaire du mélo américain, donnant littéralement des couleurs au genre en étant un des premiers tournés en Technicolor.

Flamboyant par son penchant pour le romantisme et le tragique, Une étoile est née reste aussi une date marquante dans la carrière de son réalisateur, William Wellman, en lui permettant de mettre plus clairement en avant son goût pour les études psychologiques réalistes qui traversaient ses films précédents. Plongée dans les coulisses du cinéma, Une étoile est née étant le projet idéal pour cela : Wellman, réalisateur vétéran, comme David O.Selznick, producteur mogul, connaissant donc tous deux parfaitement ce milieu, étaient très à même de dissiper l'écran de fumée qu'est la célébrité pour raconter un redoutable envers du décor.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver UNE ÉTOILE EST NÉE ( CUKOR) (La deuxième version d'Une étoile est née.) ou encore LA JOYEUSE SUICIDÉE (Un autre regard sur le couple, cette fois-ci sous forme de screwball comedy, toujours par William Wellman).

A vrai dire, Une étoile est née n'aurait sans doute pas vu le jour sans un film précédent, ni sans George Cukor. En 1932, il réalise au sein de la RKO, What Price Hollywood ? où une serveuse devient pour le meilleur et pour le pire, la protégée d'un producteur de cinéma alcoolique. David O. Selznick travaille alors pour ce studio dont il supervise les productions mais envisage de monter sa propre entreprise. Quatre ans plus tard alors qu'il l'a fondée, le jeune nabab se voit proposer par l'écrivaine Dorothy Parker et le scénariste Alan Campbell, l'ébauche du scénario d'Une étoile est née, inspiré à la fois de Pygmalion, la pièce de George Bernard Shaw mais aussi d'expériences houleuses hollywoodiennes, du suicide de l'acteur Tom Forman au couple formé par l'actrice Colleen Moore et le producteur John Mc Cormick, alcoolique notoire.

Dans un premier temps, Selznick décline le projet, au vu des bides qu'ont connu divers films ayant pour toile de fond le milieu du cinéma, mais sa femme emballée par ce qu'elle en a lu le convainc. Selznick propose alors à Cukor de le réaliser, mais celui-ci refuse, le trouvant trop similaire à What price Hollywood ? tandis que la RKO ayant vent de la chose menace de porter plainte pour plagiat. Le scénario sera remanié entre autres par Budd Schulberg, futur scénariste de Sur les Quais, alors lecteur de scripts pour Selznick, y incorporant des éléments des vies et destins de John Barrymore qui noya sa carrière dans l'alcool ou John Gilbert star du muet dont l'épouse, devint plus célèbre que lui avec l'avènement du cinéma parlant.

Une étoile est née intensifiera son lien avec la réalité hollywoodienne à coups de clins d'oeils à d'autres acteurs aux vies déboussolées par la célébrité ou des allusions directes aux stars de l'époque, de Greta Garbo à Mae West comme aux funérailles du producteur Irving Thalberg. Mais aussi en rappelant que cette histoire n'est pas que du cinéma : là scène où Norman Maine fait irruption lors de la remise des Oscars, fait écho à la mésaventure de Janet Gaynor, embarrassée par sa sœur totalement ivre lors de l'authentique cérémonie de 1928, alors qu'elle montait sur scène chercher son propre Oscar de la meilleure actrice...

Quand Hollywood décide de se regarder dans une glace, c'est en général assez dépressif, avec des réflexions misanthropes sur la solitude des êtres, la superficialité, la vanité du glamour, etc... Il faut être très sombre, comme l'a réussi Wilder dans son magnifique "Boulevard ...

Janet Gaynor parlant dans un technicolor balbutiant (nous sommes loin des Aventures de Robin des Bois qui sortira l'année suivante) c'est quand même vachement moins porno que la même en muet dans le délicieux noir et blanc de Borzage... Du coup, petite déception au niveau ...

La jeune et blanche comme neige Esther rêve des étoiles du cinéma, dur retour à la réalité lorsque ses menus pieds foulent enfin le sol hollywoodien. J'avais un peu le trac avant d'entendre enfin la voix de la sublime Janet Gaynor qui m'a tant ému dans ses rôles muets. ...