LA FÉLINE

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Au début des années 80, un monstre à la côte dans le cinéma fantastique : les succès du Loup-garou de Londres et Hurlements font des lycanthropes un lucratif phénomène de société, multipliant les projets de films. L'un d'entre eux se distinguera du lot : La féline.

A la fois variation sur le genre (il n'est pas question ici de transformation en loup mais en panthère) et anomalie dans la carrière de Paul Schrader (c'est une de ses très rares incursions dans le cinéma fantastique), La féline délaisse les scènes de métamorphose ou les effets gore pour se rapprocher d'un cinéma plus fiévreux. De l'aveu de Schrader, l'objectif était de faire un film érotique transgressif.

Il l'est assurément quand s'impose une lecture psychanalytique autour de son personnage principal, une femme à la découverte d'une sexualité de plus en plus dévorante liée à un secret de famille. Mais tout autant en se révélant l'histoire d'un autre fauve que prévue via la mue d'une innocente en prédatrice assumant ses troublants désirs pour devenir une femme fatale.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA FÉLINE (Le film de Jacques Tourneur (1942) à la base de celui de Paul Schrader) ou encore WOLFEN (Une autre variation de cinéma fantastique sur le lien entre instincts animaux et humains.).

Lorsque le producteur Wilbur Stark achète les droits du catalogue de films fantastiques de la RKO sortis dans les années 40-50, c'est avec l'idée derrière la tête d'en faire des remakes. Dans le lot il y a les légendaires films produits par Val Lewton où Stark n'a plus qu'à piocher. Il jette son dévolu sur La féline. Avec une optique claire : pas question de reprendre le credo de Jacques Tourneur, tout en allusions et en hors-champ. Revu et corrigé, La féline devra en montrer beaucoup, être explicite, surtout en ce qui concerne la nudité. Pour cela, Stark veut dans un premier temps confier cette nouvelle version de l'histoire d'une femme-panthère à Roger Vadim côté réalisation et comme star Bo Derek, sex-symbol planétaire depuis la sortie du Elle de Blake Edwards.

Pour l'écriture, c'est Paul Schrader qui est engagé. Le scénariste de Taxi Driver ira au delà des espérances de Stark, jusqu'à effrayer Vadim et Derek lorsqu'ils découvrent une face plus noire que le film érotique prévu, quand Schrader déplace l'intrigue d'un New York en pleine gentrification dans la moiteur vaudou de La Nouvelle Orléans, où qu'il est question entre les lignes, d'inceste comme de libido déchaînée. A l'exception d'une poignée de séquences qui rendent hommage à celui de Tourneur, cette Féline-là n'a plus rien à voir avec l'originale. Sur la foi du succès d'American Gigolo, la troisième réalisation de Schrader, Stark lui confie les commandes.

Schrader emmènera avec lui une partie de l'équipe qui a contribué à la réussite d'American Gigolo, du chef-opérateur John Bailey au compositeur Giorgio Moroder en passant par le directeur artistique Fernandino Scarfiotti pour s'assurer de l'atmosphère de La Féline qui doit beaucoup à leur travail sur l'image et la musique, nourrissant un sentiment de décadence proche des dérives d'Irène, le personnage central se laissant aller à une sexualité de plus en plus débridée. A moins qu'elle ne soit le reflet des coulisses du tournage, Nastassja Kinski ayant entamé une liaison que l'on dit tumultueuse avec un Schrader, lui-même à l'époque en surconsommation de drogues... Le résultat donna un film effectivement sulfureux, mais qui n'appâta pas le public. Pas plus que The thing, l'autre remake de film fantastique RKO, sorti cette même année 1982, brisant les ambitions de Stark, qui préféra en rester là.

En 1942, le cinéaste Jacques Tourneur signait avec Cat People un véritable classique du fantastique, transformant une simple série B en merveille de suggestion et de mystère velouté. Quarante ans plus tard, Paul Schrader en proposait une variation pour le compte de Universal, ...

Une relecture totalement mésestimée et incomprise du classique de Tourneur. Si le film perd la dimension mystérieuse et suggérée qui faisait tout le charme de l'original (et de la trilogie fantastique du cinéaste, en général), il gagne en envoûtement et en sensualité, ...

En réalisant le remake du célèbre film de Jacques Tourneur, Paul Schrader savait bien qu'il allait se heurter à de nombreuses critiques. Intelligent comme il est, le cinéaste préfère garder une partie de l'essence du film de Tourneur pour la transformer à sa sauce, faisant ...