LA SYNDICALISTE

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La syndicaliste est la deuxième collaboration de Jean-Paul Salomé avec Isabelle Huppert, après La Daronne, sorti en 2020. Si La Daronne est l’adaptation d’un roman (prix du polar européen écrit par Hannelore Cayre), La syndicaliste est avant tout le récit d’une histoire vraie, racontée par la journaliste Caroline Michel-Aguirre dans le livre qui donne son titre au film. Le réalisme est au cœur du projet de Jean-Paul Salomé, qui, après avoir fait valider le script par Maureen Kearney, a tourné dans certains lieux de l’affaire (Bercy, l’hôpital de Rambouillet…) et a même fait figurer des anciens d’Areva dans leurs tenues syndicales, le temps d’une scène de procès qu’ils avaient tous déjà vécu. 

Si le choix d’Isabelle Huppert est avant tout une volonté du réalisateur, qui avait envie de retravailler avec l’actrice, il fait aussi écho à la cinéphilie de Maureen Kearney. Jeune étudiante en littérature française en Irlande, son pays d’origine, elle est très marquée par le film Violette Nozière, et en particulier par la jeune actrice rousse qui incarne le rôle-titre et lui parait « tellement irlandaise ». Il s’agit bien sûr d’Isabelle Huppert dans son premier film réalisé par Claude Chabrol, qu’elle retrouvera ensuite pour six longs métrages.   

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA FILLE DE BREST (parce qu'il raconte aussi le combat d'une femme (Irène Frachon) contre les géants industriels (les laboratoires Servier et leur tristement célèbre Mediator)) ou encore GERMINAL (parce que le livre de Zola, puis le film de Claude Berri (et les autres adaptations), sont aussi basés sur une histoire vraie de lutte pour les droits des travailleurs, dont les meneurs sont réprimés par la violence).

Mais le cœur du film est la mise en scène des horreurs que subissent les femmes victimes de viol, non seulement de la part du violeur, mais aussi dans la réponse donnée par la société. Maureen Kearney est en effet décrite comme une « mauvaise victime de viol », parce qu’elle ne se comporte pas de la façon jugée convenable par ses interlocuteurs (médecins, policiers, avocats, collègues). On la voit ainsi se remaquiller juste après l’examen médico-légal, ou devoir se justifier de la tenue qu’elle portait lors d’un premier viol alors qu’elle avait vingt ans ; son absence de sous-vêtements ayant alors été considérée comme des « circonstances atténuantes » par le juge. Or, Jean-Paul Salomé explique que dans les rapports médicaux, le fait de mettre du rouge à lèvres sera un des éléments qui mènera le médecin à conclure qu’elle n’a pas réagi « comme une femme violée ».  

En parallèle, la seule personne semblant considérer la parole de Maureen Kearney comme digne d’intérêt est une jeune femme gendarme, en désaccord avec la façon dont l’enquête est menée. Lors d’un débat organisé pour la sortie du film, Maureen Kearney expliquera toutefois qu’elle n’a eu affaire qu’à des policiers et gendarmes masculins. L’ajout d’une femme alliée par le réalisateur s’éloigne donc de la réalité des faits, mais appui la dénonciation de la délégitimation de la parole des femmes. Le film se concentre également sur la solidarité qui se met en place autour d’elle : de la part de sa famille aimante, de ses amis indéfectibles, mais aussi de ses collègues syndicalistes.  

Jean-Paul Salomé choisit de faire partir sa Syndicaliste sur les chapeaux de roues. En privilégiant, pour illustrer son trauma central, le poids des mots au choc des photos. Car il sait que c'est de l'imagination que naît toute l'horreur de l'agression dont l'héroïne ...

La syndicaliste raconte l’histoire vraie mais méconnue de Maureen Kearney. Elle est professeur d’anglais dans l’entreprise Areva mais surtout déléguée syndicale de la CFDT au sein de sa société. Lorsque des changements sont faits dans la direction d’Areva, cette syndicaliste ...

Un matin, Maureen Kearney est violemment agressée chez Elle. Elle travaillait sur un dossier sensible dans le secteur nucléaire français et subissait de violentes pressions politiques. Les enquêteurs ne retrouvent aucune trace des agresseurs… est-elle victime ou coupable ...