LAILA IN HAIFA

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Comme si, du chaos, pouvait naître une sorte d’harmonie, paisible et bienveillante... Deux qualificatifs qui, vu d’ici, ne correspondent en rien à la situation de Haifa, ville du nord d’Israël, coincée entre deux peuples, deux religions, deux haines millénaires jusqu’à ce jour irréconciliables...

C’est pourtant à Haifa qu’est implanté le Club, une sorte d’Arche de Noé où se retrouveraient les noctambules assoiffés d’un peu de joie. Quelle que soit leurs races, leurs couleurs, leurs préférences, ils trouvent en ces lieux quelques heures de paix... Le film d’Amos Gitai vous propose de suivre 5 femmes qui tentent de se frayer un chemin de vie au cœur de cette faune étrange et fascinante.

Rencontres, ruptures, questions, réponses, doutes ou certitudes, personne ne sortira vraiment du Club tel qu’il ou elle y est entrée... Ne reste plus qu’à suivre le guide, un cinéaste hébreu au parcours international, qui prouve une fois encore la richesse de son inspiration...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CABARET (Berlin années 30 ou Haifa 21e siècle : deux époques, deux sociétés, deux visions du monde de la nuit...) ou encore KIPPOUR (Amos Gitai est le cinéaste de l'identité contemporaine d'Israel, entre poids du passé et volonté de modernité. Revoir ces deux films à quelques années d'intervalle permet de mieux les comprendre...).

Question : je suis un cinéaste israélien né en 1950 à Haifa en Israel... J’ai tourné une bonne vingtaine de films avec des comédiens et comédiennes aussi divers que Natalie Portman, Jeanne Moreau, Mathieu Amalric, Annie Lennox ou Léa Seydoux... J’ai participé aux plus grands festival de cinéma du monde, (Cannes et Venise en tête) et j’ai été primé à Locarno... Je suis, je suis ? Alors que celui qui a répondu Max Pecas rende immédiatement son abonnement à FilmoTV : la réponse est bien entendu : Amos Gitai !

Pour « Laila in Haifa », il revient d’ailleurs sur ses terres natales, là où il vit une partie de l’année quand il n’est pas à Paris. Gitai fait partie de cette gauche sioniste, première génération née de l’après Shoah, celle de la fondation d’Israel... Un héritage douloureux nourri d’espoirs et de désillusions sur lequel sa caméra jette un regard lucide et critique. « Kadosh », « Kippour », « Kedma » ou « Free zone » ont permis à Amos Gitai d’obtenir une véritable reconnaissance planétaire dans les milieux cinéphiles. Reconnaissance favorisée par ses voyages ou ses études aux Etats Unis et en Europe. Il a même enseigné chez nous au Collège de France à l’automne 2018 : une série de neuf leçons de cinéma dont ceux qui ont eu la chance d’y assister se souviennent encore...

Et dans cet emploi du temps déjà bien garni, le réalisateur a aussi trouvé le temps de tourner une trentaine de documentaires, de monter une bonne vingtaine d’expositions et de performances, d’écrire une demi-douzaine de pièces de théâtre et de rédiger une bonne douzaine de romans ! Amos Gitai fait partie de ce cinéma israélien vivant, vibrant, vivifiant. Son œil acéré est un scanner qui passe au crible les remous de la société israélienne actuelle. Avec Ari Folman, Elia Suleiman, Ronit Elkabetz, Nadav Lapid et quelques autres, il forme sur plusieurs décennies une troupe d’artistes exigeants dont chaque film est en soi un témoignage voire une prise de position...

Un lieu et ce qu’il permet… Comme toujours chez Amos Gitaï, fiction et analyse du réel s’entremêlent étroitement. C’est dans la vraie vie que le réalisateur israélien a découvert ce bar, conduit là par une amie. Le Club Fattoush, au cœur d’Haïfa, fragilement ...