LES SANS-DENTS

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Cinéaste politique autant que poétique, il souhaitait à travers ce film offrir une exposition exceptionnelle à ceux qu’il appelle “les invisibles” c’est à dire "les migrants, les gens du quart-monde, toutes ces personnes qu’on laisse au bord de la route, qu’on juge, qu’on condamne et qu’on prend surtout bien garde de ranger sous le tapis. En tant que citoyen, je me suis toujours intéressé à eux", dit-il. 

L’histoire donne ainsi le premier rôle à une communauté de marginaux vivant à proximité d’une décharge publique dans une sorte d’enclave troglodyte. A leurs basques, un inspecteur de police (François Morel, lunaire) va tenter de couper dans leur élan leur penchant pour la rapine. Atypique, le film l’est d’entrée, puisqu’il fait l’impasse sur la musique et les dialogues, limités à des borborygmes. On pense à RRRrrrr!!! d’Alain Chabat, mais tout autant à La Guerre du feu de Jean-Jacques Annaud. Pour autant, les images, elles, parlent d’elles mêmes…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PROBLEMOS (Où Eric Judor s'amusait à nous plonger dans le quotidien d'une communauté de marginaux allumés, au service d'une comédie sans barrière.) ou encore AFFREUX, SALES ET MÉCHANTS (Ce classique d'Ettore Scola mettait déjà en scène un clan d'exclus de la société au service d'une comédie mordante).

Tourné avec un budget d’un million d’euros seulement, ce projet “ne pouvait exister que s’il était radical estime Pascal Rabaté. Les seuls mots prononcés dans le film par le personnage de François Morel sont incompréhensibles, à la fois pour la tribu mais aussi pour le spectateur “. Les références du cinéaste sont multiples et d’abord italiennes. Elles renvoient concrètement à Affreux, sales et méchants d'Ettore Scola. “J’adore ce cinéma qui parle du monde ouvrier sans jamais tomber dans la condescendance ou le misérabilisme. Avec ce film, comme Scola mais aussi Mario Monicelli, Dino Risi, j’ai eu à cœur d’aller chercher l’émerveillement dans la marge, la poésie dans la précarité." 

Le film fait aussi un clin d'œil appuyé au cinéma de Jacques Tati, qui est pour Rabaté “une référence majeure, comme Charlie Chaplin et de nombreux burlesques sonores du cinéma des années 1910 à 1930 dit-il. Présenté lors du festival du film de Groland, les sans-dents a été vu comme “du Jacques Tati façon Mad Max”. Une sorte de grand écart spectaculaire et audacieux, qui explique aussi les difficultés rencontrées par le cinéaste pour produire son long métrage. Aucune chaîne de télévision ni région n’ont accepté de jouer le jeu de l’audace formelle.    

Yolande Moreau, François Morel, Gustave Kervern ont dit banco tout de suite à Pascal Rabaté. “Ils partagent mes valeurs, c’est ma troupe. Ils ont tous accepté avec un budget pourtant limité”. Quant au message, il est clair pour son auteur. “C’est mon combat depuis le début : aimer les gens avec leurs défauts, malgré leurs corps et leurs odeurs. Démontrer qu’il demeure toujours une belle humanité. Pourtant, on vit une époque de chiotte, l’épée de Damoclès n’a jamais été aussi près de nos têtes. Mais j’ai envie de dire que tout n’est pas foutu !” Pas foutu certes, mais bien déglingué quand même…

Les sans-dents est un film poétique, loufoque, joyeux, où le « sale » est humain avant tout. Les acteurs sont formidables, le montage au cordeau et l’heure et demie sans dialogue passe bien plus vite que certains films bavards ! Mention spéciale à la scène de ...

Les Sans-Dents est le quatrième long métrage de Pascal Rabaté qui est aussi auteur et dessinateur de BD. Un film sur le quart monde très inspiré du cinéma italien ( Affreux Sales Méchants en particulier) que le réalisateur voulait avant toutes choses poétique et amusant, ...

Sorti le 20 avril dernier, Les Sans-dents s’est fait littéralement laminer par la presse et n’a pas non plus conquis le public venu voir le film en salle au cours de ces dernières semaines. Avec son titre et son affiche peu engageants et sa bande annonce “WTF?”, le film ...