LIMBO

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Dans ce troisième long métrage, le réalisateur aborigène Ivan Sen retrouve l’outback australien pour y installer une enquête criminelle qui révèlera une ancienne affaire d’injustice raciale. Alors que les paysages désertiques évoquent un western contemporain, la photographie en noir et blanc accentue l’atmosphère de film noir.  

On y suit Travis Hurley, un détective endurci qui doit enquêter dans une petite ville perdue d’Australie méridionale sur une affaire de meurtre non résolue depuis vingt ans. Après avoir abordé le frère de la victime, l’enquêteur se rend compte de toutes les implications liées au fait que la victime était aborigène.  

Avec son physique bourru qui rappelle Bryan Cranston de BREAKING BAD, Simon Baker interprète un personnage solitaire dont le passé douloureux le rapproche des gens qu’il interroge. Le réalisateur, qui est aussi scénariste, chef opérateur, compositeur et monteur, a exploité au mieux les mystères de cette région des mines d’opale désaffectées dont les grottes obscures sont une métaphore idéale pour cacher le mystère.  

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES TROIS ENTERREMENTS DE MELQUIADES ESTRADA (Même situation d'un policier qui rétablit la justice à la suite d'un meurtre raciste.) ou encore MYSTERY ROAD (Même contexte de l'outback australien pour cette histoire d'un détective qui enquête sur le meurtre d'une aborigène.).

Limbo a été tourné à Coober Pedy, un village d’Australie méridionale anciennement réputé pour ses mines d’opale. Il a pour particularité d’offrir à ses habitants des maisons troglodytes aménagées dans d’anciennes mines. Ces habitations offrent une fraîcheur bienvenue étant donné la chaleur étouffante qui règne durant la journée. Le réalisateur Ivan Sen pensait depuis plusieurs années à exploiter l’endroit, plus particulièrement à cause de la vie souterraine qui s’y développe, et qui n’a jamais vraiment été utilisée auparavant dans le cadre d’une fiction. Il raconte que c’est en allant là-bas que l’histoire de Limbo s’est imposée à lui, superposant la partie sous terre et celle à l’air libre.  

Alors qu’il écrivait le scénario, il s’est rendu compte qu’un cas de disparition similaire à celui qu’il avait imaginé, avait eu lieu à Coober Pedy.  

L’endroit se prêtait idéalement à la représentation d’une population bloquée dans un endroit avec le sentiment de ne pouvoir ni avancer ni reculer.  Par ailleurs, ses souterrains  établissent un lien avec la notion religieuse des limbes, un endroit qui n’est ni au paradis ni en enfer, mais entre deux, un endroit où on attend qu’une décision soit prise concernant son destin.  

Le personnage du détective est lié à cette notion : il est dans son propre purgatoire, bloqué avec ses conflits, et ses traumatismes résonnent avec ceux de la famille de cette femme dont la disparition les a brisés.  

A l’origine, le personnage était diabétique, et il a évolué pour devenir un ancien héroïnomane qui s’était enfermé dans l’addiction parce qu’il ne pouvait pas faire face à ses propres démons. Mais en même temps que cette addiction le rendait vulnérable, elle lui permettait de communiquer avec d’autres.  

Ivan Sen et Simon Baker se connaissent depuis longtemps. Ils se sont rencontrés à une époque où ils étaient jeunes et inexpérimentés. Ils ont l’un et l’autre éprouvé beaucoup d’intérêt à travailler à nouveau ensemble, chacun ayant mûri.  

Le nouveau film de Ivan Sen est une sorte de retour aux sources vers le polar gothique australien, après un écart vers le film SF contemplatif perfusé de Blade Runner (Loveland, une escapade tournée à Hong Kong). Si, dans ses précédents polars néo noirs Mystery Road et ...