LIMBO

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Récemment diplômé de l'académie de police, le jeune novice Will Yam est associé à l'officier vétéran Cham Lau pour enquêter sur les méfaits d'un tueur en série s'attaquant aux femmes dans les bas-fonds de Hong Kong. Cependant, le duo de flics piétine et n'arrive pas à résoudre cette affaire, d'autant que cette enquête les confronte tous deux à leurs propres démons. Et lorsque toutes les pistes s'essoufflent, les deux compères décident d'utiliser une jeune délinquante comme appât.

Sur un scénario a priori assez classique (la traque d'un tueur en série), le réalisateur hongkongais Soi Cheang met en scène, avec une virtuosité technique remarquable, un thriller urbain d'une noirceur absolue qui n'est pas sans rappeler, dans son atmosphère nihiliste, des films tels que "Seven" ou "Le Caire confidentiel". Dans un Hong Kong sordide, photographié en noir et blanc splendide, "Limbo" entraîne le spectateur dans les tréfonds d'une cité urbaine où se croisent immigrés clandestins et prostituées à la ramasse errant au milieu de la saleté. La pourriture des lieux semble refléter les états d'âme de tous les protagonistes pour qui le mot avenir n'a plus aucun sens.

On peut dire que la critique française a été très réceptive à la noirceur hypnotisante de "Limbo". Du magazine "Première" (Soi Cheang, stylistique de l'extrême, de la douleur et de la putréfaction) à "Écran Large" ( Un concentré de misanthropie poisseuse de crasse) en passant par "Télérama" (Un véritable enfer visuel), tous soulignent cette vision d'une certaine nature humaine qui obscurcit l'âme tout en prenant aux tripes.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SEVEN (Un classique du film noir urbain nihiliste des années 90 signé David Fincher) ou encore LE TUEUR DE HONG KONG (Série B typique de la “Kungfusploitation” des années 70 produite par la grande firme Shaw Brothers.).

De la quinzaine de films que Soi Cheang a réalisé, "Limbo" est le premier à sortir dans les salles françaises. Né le 11 juillet 1972 à Macao, Soi Cheang débute sa carrière au début des années 90 en devenant l'assistant à divers postes de grands réalisateurs de films d'action hongkongais tels que Ringo Lam, Andrew Lau et surtout Johnnie To, qui deviendra sa mentor. Après un premier long-métrage à peine remarqué en 2000 ("Diamond Hill."), Soi Cheang signe une quinzaine d'autres films dont certains, sortis directement en DVD ou VOD en France, sont remarqués par les fans de cinéma de genre asiatiques. Comme "Bio-Zombie", démarquage fauché et délirant du “Zombie” de George Romero, "New Blood", polar énergique autour du don du sang, et surtout "Coq de combat" et "Dog Bite Dog", dont les univers noirs et teigneux rejoignaient déjà l'esprit nihiliste de "Limbo".

Si certains critiques pensent que "Limbo" ressemble dans sa noirceur aux films de Johnnie To, Soi Cheang répond : « Johnnie To est très unique, tout le monde ne peut pas l'imiter ou ne peut pas le faire. Quand je tourne un film, je ne me préoccupe pas trop du style. Je pense que le style provient du film lui-même, pas de vous-même. Je filmerai le film selon la manière dont il doit être présenté. Johnnie To est plus romantique dans l'aspect action, et je veux traiter les scènes d'action de manière plus puissante.

Ka-Tung Lam, qui interprète le flic vétéran Cham Lau et plus connu sous son autre nom de Gordon Lam, est un visage connu du cinéma de genre hongkongais depuis la fin des années 80. Il est l'un des acteurs fétiches de Johnnie To, qui l'a fait tourner dans "Mad Detective", "Election 1” e “2", "Sparrow" ou encore "Vengeance", où il donne la réplique à… Johnny Hallyday ! En 2017, Ka-Tung Lam a remporté le prix du meilleur acteur aux Hong Kong Films Awards pour son rôle de gangster inspiré par la vie d'un grand parrain du crime dans "Trivisa", produit par Johnnie To.

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