MÈRE ET FILLE

en VOD

Dès que l’héroïne de Mère et Fille entre chez sa mère, elle pousse un soupir donnant à penser que la relation entre les deux femmes n’est pas de tout repos. C’est pourtant pour aider sa maman atteinte d’un cancer que la jeune femme a quitté mari et enfants afin de revenir dans sa Croatie natale. Leurs rapports vont vite tourner au règlement de compte pour un double portait de femmes incapables de faire la paix malgré la santé déclinante de la plus âgée. 

Mère et fille est le premier long métrage du réalisateur croate Jure Pavlović, né en 1985 à Split. Diplômé de l’université de Zagreb, il a participé à des ateliers dans de nombreuses manifestations internationale comme la Berlinale et le Campus Talent de Sarajevo. Ses courts métrages ont été notamment sélectionnés au Festival de Clermont-Ferrand. L’un d’entre eux, Picnic, a remporté le prix du Meilleur court métrage européen en 2015. Il a également travaillé sur les séries télévisées documentaires Onto Sto Jesam et Lijepa Vasa. 

Les relations parfois difficiles entre mère et fille ont inspiré de nombreux cinéastes dans des registres très différents, ne serait-ce qu’en France. Copacabana (2010) de Marc Fitoussi a pour originalité de mettre scène Isabelle Huppert et Lolita Chammah qui sont mère et fille dans la vie comme dans le film. La comédie LOL (2009)  de Liz Azuelos confronte Sophie Marceau et Christa Theret. Mauvaise fille (2011) de Patrick Mille révèle Izïa Higelin face à Carole Bouquet. Maman (2012) d’Alexandre Leclère brode avec férocité autour du trio Marina Foïs, Mathilda Foïs et Josiane Balasko.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver THE FATHER (Ce film de Florian Zeller confronte une fille à son père atteint d'une maladie incurable. Anthony Hopkins et Olivia Colman y sont remarquables.) ou encore RETOUR CHEZ MA MÈRE (Eric Lavaine renvoie Alexandra Lamy chez sa mère Josiane Balasko dans cette comédie qui évoque aussi les relations difficiles entre deux femmes contraintes à cohabiter.).

Le réalisateur Jure Pavlović a puisé son inspiration dans sa propre famille pour Mère et fille. Il avoue avoir mis longtemps avant de parvenir à transformer son expérience personnelle en scénario de fiction. Il s’est progressivement éloigné du réalisme pour essayer de n’en conserver que les émotions dans la narration. Il a tourné en Croatie dans la région où il a grandi. Il se sentait donc presque dans la situation du personnage de Jasna. Les personnages secondaires sont souvent inspiré de personnes réelles. De même, certains dialogues et situations du film viennent de la réalité. Il a adopté une structure en chapitres sur le tard pour signifier de façon précise le passage du temps après l’arrivée de son héroïne. 

Jure Pavlović connaissait Daria Lorenci-Flatz depuis longtemps car elle est très réputée en Croatie où elle poursuit sa carrière depuis plus de vingt ans. Ils ont étudié le personnage de Jasna pendant une longue période et effectué des répétitions ensemble à chaque changement du scénario. La chef opératrice Jana Plećaš  et le cameraman Pavel Posavec avaient pour mission de suivre la comédienne principale dans chacun de ses mouvements. Ils en sont vite parvenus à une telle synchronisation qu’ils n’avaient presque plus besoin de se parler pour effectuer une chorégraphie parfaite. Selon Jure Pavlović, ils se livraient à un véritable ballet favorisant une  immersion totale du spectateur dans l’histoire. 

Neva Rosić, qui incarne la mère, est surtout connue en Croatie, pour ses rôles à la télévision. Le réalisateur s’est appuyé sur son expérience pour construire son personnage. Il a d’abord choisi de la filmer en arrière-plan puis de s’approcher d’elle au fur et à mesure que la maladie affaiblit son personnage. Il estime que la relation entre les deux femmes évoque aussi la situation politique en Croatie en montrant comment cette mère veuve a été contrainte de se durcir dans une société patriarcale après la mort de son mari est de son fils. Selon lui, c’est le fait de devoir se prendre en main alors qu’elle n’avait eu le droit d’avoir une carrière qui  l’a rendue autoritaire et parfois cruelle.

Particulièrement sensible aux liens étroits de parentalité, puisque l’un de ses précédents courts-métrages, « Pique-Nique » (2015), mettait déjà en scène un duo père-fils, le jeune réalisateur croate Jure Pavlović reprend la thématique déjà explorée par Nanni ...

Un film sensible et digne, qui ne cherche pas le spectaculaire ou l'émotion facile. Les parti-pris de réalisation pourront surprendre, voire dérouter (personnage principal -ou autres intervenants suivant les scènes- filmée de très près, le reste étant en arrière-plan, ...