WARNING : DO NOT PLAY

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Les objets hantés sont devenus une base commune du cinéma fantastique mondial. Il faut toutefois reconnaître aux réalisateurs asiatiques, un certain don pour les diversifier. Après une cassette vidéo dans Ring, un téléphone dans La mort en direct où même une perruque dans The wig, Warning : do not play propose qu'un film soit la cause de nombreux accidents et décès. 

Comme souvent dans le cinéma de genre sud-coréen, il ne sera pas question ici de se focaliser sur les ingrédients d'un seul registre.Warning : do not play fait infuser dans sa trame de cinéma d'épouvante, un soupçon de mélo mais aussi une certaine satire de la cinéphilie et de ses obsessions, que ce soit dans la pugnacité que met Mi-Jeon, à vouloir retrouver le mystérieux film hanté, où quand interviennent des discussions parmi les plus geek des personnages sur les mérites du cinéma de Christopher Nolan. 

Kim Jin-Won s'incluant aussi dans ce portrait, quand sa propre passion pour l'oeuvre de David Lynch. Pour preuve les échos à Mullholland drivedans le choix des éclairages et des teintes de la photographie ou la psychose qui se met à gagner son héroïne jusqu'à la faire naviguer entre réalité et fantasmes. Mais plus encore un sens de l'abstraction qui rend Warning : do not play envoûtant.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver RING (Dans le classique de la J-Horror, ce n'est pas un film qui est hanté, mais une cassette vidéo) ou encore FONDU AU NOIR (une autre histoire d'obsession cinéphile menant au meurtre...).

Il ne faudrait pas confondre Kim Jin-Won et Kim Jee-Woon, les deux cinéastes sud-coréens. Le second, réalisateur d'entre autres A bittersweet life ou J'ai rencontré le diable est parmi est parmi les plus établis , quand le premier n'en est qu'à son second long métrage avec Warning : do not play. Kim Jin-Won a pour autant de la suite dans les idées, quand après son premier film, The butcher, qui suivait la conception d'un snuff movie (ces films clandestins ou l'on assiste à de prétendues véritables mises à mort), celui-ci repose aussi sur de sombres légendes urbaines liées au cinéma. 

Un choix surprenant pour un réalisateur qui concède volontiers avoir longtemps eu une aversion pour le cinéma d'horreur suite aux cauchemars qu'avaient provoqué, alors qu'il était enfant, la vision du Tènèbres de Dario Argento. C'est peut-être plus du côté de la transgression qu'il faut aller chercher sa future vocation : étudiant, Kim Jin-Won proteste à sa manière contre l'interdiction alors du gouvernement européen de toute la pop-culture japonaise, en passant par des réseaux underground pour se gaver de japanimation pour adultes et de films d'horreurs nippons, qui prendront le pas sur ses études d'art visuel et de design. Découvrant que certains de ces films sont des productions ultra-indépendants, il décide de suivre cet exemple. 

Le succès en festivals de The butcher, film quasi autoproduit, lui permettra de se lancer avec un peu plus de moyens dans Warning : do not play, pour une nouvelle mise en abîme de sa propre conception du métier de cinéaste, à savoir se débrouiller avec les moyens du bord. Kim Jin-Won ne rechignant pas à s'appliquer de nouveau ce principe : pour la séquence où le film maudit se tourne, il n'a utilisé rien moins qu'une véritable salle de cinéma de quartier abandonnée depuis des années comme décor naturel. Comme un appel à faire surgir dans sa fiction les fantômes de séries B qui hantent probablement encore ce lieu.