WATCH LIST

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Il y a des films qui vous attrapent et vous secouent pendant toute leur durée. C’est le cas pour Watch List qui prend le spectateur aux tripes pour ne plus le lâcher. Ben Rehki plonge dans les bas-fonds de Manille aux Philippines sur les traces d’une jeune veuve prête à tout pour assurer la subsistance de ses trois enfants. Dans un pays gangrené par la drogue et la violence autant dire que la malheureuse va en baver.

Le réalisateur Ben Rehki signe son troisième long métrage avec Watch List après Waterborne et The Ashram avec Melissa Leo. Il a fait ses premières armes comme assistant-caméra pour O’Brother des frères Coen puis a signé un documentaire sur les coulisses de Confessions d’un homme dangereux, réalisé par George Clooney. Il a également réalisé les documentaires The Hidden Vote et The Reunited States, divers courts métrages et les dialogues du film Teen Patti avec Ben Kingsley en vedette.

Ben Rehki s’appuie sur une loi anti-drogue, l’Opération Tokhang, qui a été promulguée aux Philippines par le président Duterte, élu fin à la fin juin  2016. Les consommateurs et vendeurs de drogue étaient appelés à se dénoncer pour être réhabilités. Ce recensement a surtout permis de les identifier et de les exécuter sommairement en cas de récidive. 20 000 personnes auraient été victimes de cette opération que le chef de la police Bato et le président Duterte présentent comme de la légitime défense de la part de la police.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MA' ROSA (Brillante Mendoza évoque lui-aussi la misère et la délinquance qui gangrènent les Philippines. Il livre un magnifique portrait de femme.) ou encore MANILLE (Lino Brocka filme les bas-fonds de Manille dans ce film très dur.).

Ben Rehki s’est inspiré d’une histoire vraie pour Watch List. C’est après s’être trouvé sur une scène de crime à Manille et avoir découvert que les versions des policiers et des témoins divergeaient qu’il a eu l’idée de son film. La police prétendait avoir agi en état de légitime défense et les voisins déclaraient que le jeune homme était déjà mort lorsque son corps  été jeté d’une camionnette tandis que les policiers tiraient des coups en l’air pour accréditer leur version que les journaux ont relayée.

C’est ce fait divers qui a traumatisé le réalisateur au point de le pousser à se pencher encore davantage sur le sujet de la drogue et de la corruption. Il ainsi découvert l’histoire d’une mère de famille qui, sous le nom de code de Maria, travaillait comme tueuse au sein de la police dans l’espoir de protéger ses enfants. Ben Rehki a mené l’enquête sur place aux Philippines et a rencontré de nombreuses familles de victimes de violences policières. Ces dernières lui ont raconté que leurs proches avaient été liquidés par des policiers en civil. Il n’a jamais pu rencontrer la véritable Maria mais son histoire a servi de base à Watch List dont Maria est le titre original.

Watch List a été tourné à Manille et dans ses environs entre novembre et décembre 2017. Ben Rehki a tenu à emmener ses acteurs dans de véritables bidonvilles et a fait appel à la population locale pour jouer les personnages secondaires La durée des journées de travail était comprise entre 20 et 24 heures et l’équipe technique avaient aménagé le plan de travail de façon à alterner besogne et repos pour les techniciens. Le tournage n’a duré que 16 jours. Typhon, accident, délinquance et intervention de la police qui croyait assister à de véritables fusillades n’ont pas facilité la vie du cinéaste. Ben Rehki reconnait qu’ils ont tous pris des risques considérables pour mener le projet à bien. Ils devaient régulièrement déplacer le plateau en raison des crimes qui se déroulaient dans les environs.