ABDELINHO

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Abdelinho s’appelle en fait Abdellah. Son surnom, le jeune Marocain le doit à sa passion sans borne pour le Brésil et pour Maria, l’héroïne du feuilleton télévisé qu’il suit on ne peut plus fidèlement. Sa mère voudrait qu’il se marie enfin, mais lui n’a que Maria en tête. Chaque semaine, sur son scooter aux couleurs brésiliennes et sous son casque repeint lui aussi en vert et jaune, Abdelinho va donner un cours de samba. Là il laisse éclater tout son amour pour cette danse chaleureuse où les corps se libèrent.  

Dès les premières images, Abdelinho donne le ton : place à l’humour et au burlesque. Devant un « Café des hitistes » (ces jeunes sans emploi voués à rester adossés contre un mur -« hit » en arabe-) une « ambulance des chômeurs » vient embarquer un individu sur une civière… Le réalisateur Hicham Ayouch a choisi d’évoquer les questions sociales qui traversent la réalité marocaine en prenant le parti du loufoque. La bureaucratie comme la menace intégriste ou l’instrumentalisation des médias fournissent ainsi la matière à des gags non moins efficaces en terme de dénonciation. 

L’humour du réalisateur s’abreuve à diverses sources de la culture populaire. Il y a bien sûr le phénomène planétaire des télénovelas d’Amérique du Sud avec le personnage lumineux de Maria. Cinéma, musique, les références sont multiples et Hicham Ayouch s’amuse par exemple à convoquer le tube inoxydable « Oh Happy Day » des Edwin Hawkins Singers pour tourner en dérision le show d’un sinistre et redoutable télévangéliste. 

Abdelinho c’est une belle histoire de résistance. une ode à la joie et à la liberté, des valeurs que défend l’enthousiaste Abdeliniho. Avec ses situations cocasses et ses envolées poétiques, le film célèbre le pouvoir du rêve et de la fiction. L’énergie déployée par ce personnage de doux rêveur est aussi une invitation à être pleinement soi-même en s’émancipant de conventions conservatrices et de pesanteurs sociales étouffantes. 

 Pour traiter de certaines folies et dérives malheureusement humaines, on peut emprunter la voie sérieuse, grave, comme le fait, pour choisir un exemple récent, Elle s’appelle Barbara (28 juin 2023), de Sérgio Tréfaut, ou adopter le mode comique, absurde, loufoque, ...