RENDEZ-VOUS À TOKYO

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Elle est chauffeur de taxi il est éclairagiste dans une salle de spectacle. Ils se sont aimés. Et, pendant six années, lors de leur date anniversaire, quelque chose de leur attachement revient et en dit long sur la vie qu’ils ont vécu l’un sans l’autre.

« Rendez-vous à Tokyo » est un film japonais de Daigo Matsui sorti en 2023 qui nous déambule dans le temps de deux jeunes gens qui ont partagé des moments uniques et s’en sont trouvés changés. Ni drame, ni comédie mais errant dans la poésie et l’onirisme le film évoque la part rêvée de la capitale tentaculaire du Japon, ramenée à quelques lieux chargés d’émotion.

On saluera l’interprétation désinvolte du duo d’acteurs : Sōsuke Ikematsu, le jeune homme flegmatique et Sairi Itō la jeune fille qui conduit un taxi car elle veut voyager mais ne sait pas où. Le japon méditatif et fasciné par le sacré s’y révèle avec délicatesse. La preuve en images…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver NIGHT ON EARTH DE JIM JARMUSH (1991) (Il s'agit d'une comédie géographique qui repose sur différentes histoires dans différentes villes du monde avec comme point commun le taxi. Un instantané de toutes les typologies d'individus affairés qui littéralement vont et viennent. Le monde tel qu'il bouge par le grand cinéaste américain.) ou encore LOST IN TRANSLATION DE SOFIA COPPOLA (2004) (Tokyo ville géante et incongrue vue par deux américains qui vont s'y aimer dans ce décalage spatio-temporel. Film d'hôtel de luxe, d'incompréhensions culturelles, film d'embarras parce que les codes ne sont plus les mêmes. Une délicate comédie sur l'art d'aimer dans un rêve.).

Le cinéma, comme la vie, repose sur la perception du temps qui s’écoule. Daigo Matsui, le cinéaste, a focalisé son récit sur une journée anniversaire dans la vie des protagonistes qui chapitre son oeuvre. On pense bien sûr à « Un jour sans fin » le film cyclique de Harold Ramis. Car on est dans l’obsession du souvenir.

Mais c’est aussi un document sur la jeunesse nipponne, son rapport à la hiérarchie et à la culture. Pas étonnant que la danse contemporaine et le rock de l’archipel y aient cette importance comme marqueurs d’une époque et de sa nostalgie. D’ailleurs le titre original se traduit par « Je viens juste de me souvenir ».

A 37 ans, Daigo Matsui, bien que méconnu en occident, a déjà réalisé 13 films dont 6 longs métrages qu’il a quasiment tous écrits. Si ce n’est pas un auteur ça y ressemble. Il vient de la télé et du théâtre et « Rendez-vous à Tokyo » (titre français, comment dire, désinvolte…) est sa première oeuvre distribuée en France. Quelque chose de la mélancolie lui donne une grâce inattendue. Comme la vie.

Sans doute vaut-il mieux ne pas connaître le principe de la construction de ce Rendez-vous à Tokyo, (un titre français idiot, qui n’a rien à voir avec la proposition du film, dont le titre original signifie « Je viens juste de me souvenir »), pour passer la première partie ...

Au sortir de la salle, je suis encore imprégné par cette œuvre qui m'a profondément touché et ému. Je pense que je suis allé voir ce film au bon moment, à l'instant propice, que j'étais dans l'état d'esprit idéal pour l'apprécier de cette manière. Si je l'avais vu ...

S’il est un récit qui sied bien à l’originalité d’un montage inversé, c’est bien celui de la vie d’un couple. Ozon s’y était déjà essayé dans 5x2 il y a près de vingt ans, et Daigo Matsui, réalisateur assez prolifique au Japon mais n’ayant jusqu’alors ...