HOURIA

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Un destin fracassé. Voilà la plus simple des manières de décrire le film de Mounia Meddour qui va suivre. La réalisatrice de « Papicha » poursuit la veine de son inspiration féministe autour des femmes algériennes, en dressant ici le portrait de Houria, jeune femme de ménage se rêvant en ballerine qui, à la suite d’une violente agression, va devoir trouver un nouveau sens à sa vie. Fracassé, au propre comme au figuré...  

Lyna Khoudri prête son corps à celui de cette fille devant s’inventer un nouveau chemin et qui va trouver de l’aide et la rédemption auprès d’une communauté de femmes et parvenir à garder la danse en ligne de mire. Un film puissant, bouleversant, peuplé de comédiennes comme Rachida Brakni et d’autres pour la plupart inconnues en France mais absolument remarquables : Nadia Kaci, Hilda Amira Douaouda, Meriem Medjkame ou Zahra Doumadji.  

Mounia Meddour confirme donc les espoirs placés en son cinéma avec toutefois la douleur, comme pour « Papicha » d’ailleurs, de ne pouvoir sortir « Houria » dans son pays, l’Algérie. Les tabous et l’interdit autour de la représentation de l’idéal féminin ont une fois encore joué le rôle d’une censure qui ne dit pas son nom. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver EN CORPS (Comment utiliser son corps à nouveau quand la vie ou les circonstances vous en privent ? Voici le portrait de deux danseuses qui auront la force de poursuivre leur vocation...) ou encore BLACK SWAN (Il faut tellement de courage pour aller au bout des souffrances, (morales et physiques), qu'impose la pratique de la danse. Quand en plus le destin s'en mêle...).

Les danseurs sont des athlètes de haut niveau et leur carrière est d’ailleurs soumise aux mêmes aléas que celle des sportifs... Un entrainement drastique dès le plus jeune âge, une carrière courte et un atout qui peut se transformer en handicap : leur corps. Dans « Houria », on comprend combien une blessure, due ici à une agression, peut redéfinir totalement la voie qui semblait toute tracée. Le travail mental de renoncement et de rebond est alors colossal et il faut bien souvent se faire aider pour parvenir à l’accomplir... C’est exactement ce que racontait « En corps » de Cédric Klapisch en 2022. Elise, danseuse de ballet, voyait sa carrière interrompue brutalement suite à une blessure en scène. Au seuil d’une reconstruction physique et mentale difficile, la jeune femme approchait alors une compagnie de danse contemporaine, au cœur d’une maison dédiée aux artistes, sur la côte bretonne. Marion Barbeau, elle-même Première Danseuse du ballet de l’Opéra de Paris, donnait vie à cette jeune femme fragile se découvrant une irrépressible envie de renaissance, entourée notamment de Pio Marmaï, Muriel Robin et François Civil. 

En 2010 dans « Black swan », Darren Aronofsky s’intéressait lui à une jeune danseuse, Nina, devenant la nouvelle sensation du ballet de New York avant de se laisser engloutir par son entourage et ses démons lors de la préparation de « Lac des cygnes ». C’est Natalie Portman, accompagnée de Vincent Cassel, Mila Kunis, Winona Ryder, Benjamin Millepied et Barbara Hershey, qui incarnait cette danseuse torturée, décrochant au passage un Oscar mérité de la meilleure comédienne. 

Alors attention : la danse au cinéma ce n’est pas que torture, blessure et violence ! Dans « Dirty dancing », « Flashdance », « Footlose » ou « La fièvre du samedi soir », on nous montre même que de sémillants jeunes gens peuvent accéder au statut de stars des parquets ou des dancefloors, certes après avoir beaucoup souffert et travaillé, mais en batifolant aussi entre deux entraînements ! Dans ces derniers cas, les bandes originales jouent un rôle primordial et sont même souvent bien plus notables que les films en question ! 

Ce film a parfois été comparé à En corps, à cause de certains aspects de son scénario. Mais le propos est en fait différent. J'y ai surtout vu un portrait de l'Algérie actuelle, encore traumatisée par la période de terrorisme et de guerre civile (un aspect qui ...

Très vite on remarque que ce film est dans la droite lignée de "Papicha" (2019), dans le style, dans le genre et dans tout son contexte politico-social de l'Algérie et à la position de la femme. La mode a laissé place à la danse mais il est toujours question ...

Trois ans après le remuant Papicha, Mounia Meddour signe son retour au festival du film francophone d’Angoulême 2022, en nous invitant dans la danse en compagnie d’Houria. Ce second long-métrage s’inscrit dans une continuité certaine avec Papicha. C’est avec grand plaisir ...