LA CIGARETTE

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Il faut redécouvrir Germaine Dulac. A l’heure où on remet dans la lumière les réalisatrices oubliées de l’histoire du cinéma comme la désormais célèbre Alice Guy-Blaché, il faut revoir les films de Germaine Dulac connue pour avoir réalisé le premier film impressionniste  (La Fête espagnole), le premier film féministe (La souriante Madame Beudet) et premier film surréaliste (La Coquille et le Clergyman).

Avant ces longs métrages, Germaine Dulac régalait les spectateurs en 1919 avec La cigarette, son premier moyen métrage. L’histoire d’un conservateur de musée quinquagénaire qui, persuadé d’être trompé par sa jeune épouse, décide de se suicider en employant la méthode d’un prince égyptien. Lequel avait empoisonné un biscuit parmi cent autres, laissant le hasard décider du jour de sa mort. Le conservateur lui empoisonne une cigarette… Débute alors un terrible suspense : qui du mari ou de la femme la fumera en premier ?

Plus de cent ans après sa sortie La cigarette demeure un film moderne tant par son histoire (le mari jaloux qui préfère se suicider pour laisser le champ libre à sa femme), sa narration (avec notamment l’utilisation de flashbacks) ou même les acteurs qui, bien que le film muet soit muet, ne surjouent pas.  

La cigarette a été écrit par Jacques de Baroncelli, un autre pionnier du cinéma français, réalisateur de Pêcheurs d’Islande, l’un des plus beaux films du muet. Dans La cigarette on redécouvre deux acteurs avec lesquels il a travaillé : dans le rôle de la jeune épouse Andrée Brabant, actrice lancée par Abel Gance (génial auteur d’un Napoléon inégalé) et dans celui du mari Gabriel Signoret (qui n’a aucun lien avec Simone Signoret), vedette de plus de 80 films dont des réalisations de Louis Feuillade.