LE RETOUR

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Dans Le Retour, Khédidja retourne en Corse avec ses deux filles, Jessica et Farah, quinze ans après avoir quitté l’île précipitamment. Nourrice pour une famille de riches parisiens, Khédidja n’a jamais expliqué pourquoi elles ne sont jamais revenues en Corse, ni ce qu’il est réellement advenu du père, décédé dans un accident de voiture. Depuis un silence pudique règne sur cette histoire et les deux adolescentes font avec. 

La réalisatrice Catherine Corsini (Un amour impossible, La Belle Saison) filme sur les traces de son enfance une chronique familiale et estivale. Comme toute une série de films, allant de Conte d’été à Call Me by Your Name, Le Retour prend place le temps des grandes vacances, dans cet entre-deux où l’on s’empêche de penser à la rentrée. C’est aussi l’histoire de deux sœurs aussi proches qu’opposées : Jessica entre à Science Po quand sa cadette se cherche encore. Il y a enfin un rapport de classe, déjà central dans La Fracture, précédent film de Corsini qui se passait lors des mouvements de Gilets Jaunes. Ici, une nounou noire côtoie une riche famille de blancs parisiens.

Surtout, le film met en valeur des actrices incroyables. D’abord, la mère de famille est jouée par Aïssatou Diallo Sagna : elle volait déjà la vedette aux stars dans La Fracture et confirme que c’est une sacrée actrice. Quant aux rôles des deux filles, elles sont jouées par Esther Gohourou et Suzy Bemba, véritables révélations. Le trio offre une dynamique magnifique, entre oppositions et solidarités, fractures générationnelles et amour filial. Le casting compte aussi Virginie Ledoyen et Denis Podalydès et une surprise : la jeune Lomane de Dietrich aux vrais faux airs d’Adèle Haenel période Naissance des Pieuvres.

Dans le même genre, vous pourriez aimer Tout est Pardonné de Mia Hansen-Løve, qui revient aussi sur un passé familial douloureux et sur comment panser ces plaies.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CHANSON DOUCE (Lucie Borleteau adapte le roman de Leila Slimani où une "nounou" prend beaucoup de place dans la vie d'une couple. Trop.) ou encore UNE VIE VIOLENTE (Comme Le Retour, le film se passe en Corse, et cette fois-ci, il raconte l'activisme d'indépendantistes dans les années 90.).

Tout en renouant avec ses thématiques préférées (l’émancipation, les fractures de classes, l’amour lesbien, les traumatismes familiaux), Corsini livre un magnifique portrait de famille, bien aidé par l’image de sa cheffe opératrice Jeanne Lapoirie avec qui elle travaille depuis des années. La Corse, forcément sublime, sert de toile de fond et de cadre en posant cette question : peut-on se sentir chez soi en Corse quand on n’est pas de là-bas ? 

Jusqu’ici, Catherine Corsini était surtout connue et admirée pour sa défense des minorités LGBT : elle avait remporté la Queer Palm pour La Fracture en 2021, mis en lumière des couples lesbiens dans La Belle Saison, et renouvelle avec Le Retour une façon de raconter l’amour homosexuel avec un naturel pas si courant dans le cinéma. Corsini s’était également emparée du texte très fort de Christine Angot en adaptant Un amour impossible, avec Virginie Efira. Elle revenait sur l’inceste subie par la jeune Chantal, portrait autobiographique de Christine Angot. Le film avait eu le prix Alice Guy en 2019. 

Avec Le Retour, l’un des sujets de fond demeure l'inégalité des chances. Jessica entre à Science Po mais se voit chaperonnée par la famille de sa petite amie, riche et qui aime la rive gauche de Paris. Corsini parvient à ne pas faire une opposition en forme de conflit (tous ces gens sont bien intentionnés, et il n’est pas question de mépris) mais raconte une forme de reproduction inconsciente de ces rapports de classe. Ce décalage que sent le personnage de Jessica est le même qu’avait sa mère, femme noire épousant un Corse, se sentant accueillie mais pas chez elle. En 2016, Leïla Slimani racontait dans Chanson Douce (adapté en film en 2019) comment un couple de cadres parisiens avait besoin de leur nourrice pour enfants au point de l’intégrer à la famille. Mais les choses tournaient mal et le mépris de classe inconscient refaisait surface.

Émouvant et rafraîchissant. Une histoire de retrouvailles avec un passé douloureux de mort et de rejet. Ce film aborde les problèmes de racisme et d'identité si cruciaux au cours de l'adolescence. on est en empathie avec cette mère qui a élevé seule ses deux filles ...

Plus encore que Jeanne du Barry, Le Retour de Catherine Corsini porte ironiquement bien son nom : il retourne d’une mise à l’écart de la sélection officielle en raison des accusations de harcèlement de la part des actrices, mineures. Polémiques, drames, enguelades … ...

Une femme revient en Corse où elle a vécu pour la première fois depuis 15 ans. Ses deux filles n'en ont aucun souvenir. La femme vient pour travailler comme femme de ménage d'une famille aisée. Pendant ce temps, les deux filles profitent d'un été en apparence ...