PARABOLA

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Pionnière oubliée du cinéma expérimental, Mary Ellen Bute signe avec Parabola un film fascinant, accomplissant le discret exploit d'être d'une simplicité désarmante, en renfermant toutefois en son sein la richesse exaltante d'un monde sous cloche. La cinéaste y conduit une exploration formelle et poétique du motif de la parabole, ligne courbe qui préside à l'ensemble des mouvements de la nature.

Travaillant conjointement avec le sculpteur Rutherford Boyd, elle dessine à l'aide d'un oscilloscope des formes obliques abstraites qui n'ont de cesse d'évoquer le vivant. Ici et là, on croit reconnaitre la nuque élancée d'un cygne, les crêtes élimées d'une montagne rocheuse ou encore l'ondulation perpétuelle d'un jet d'eau. Tout un univers organique dont la cinéaste retrace l'origine commune d'un unique geste incurvé qui émeut par sa sobriété.

Mais cet inventaire des formes ne serait pas complet sans figurer l'intervention de l'homme dans ce microcosme, qui se manifeste ici par des structures verticales rappelant l'architecture de style Art déco des années 1930 (le Chrysler Building de New York semble s'ériger sous nos yeux). Le dispositif cinématographique trouve alors un écho dans l'acte créateur qui fonde notre humanité, entrainant son spectateur dans une spirale ascensionnelle vertigineuse.

Pour la guider dans cette exploration réjouissante, Mary Ellen Bute s'appuie in fine sur un travail remarquable de la lumière. Mouvante, dirigée, solaire : tout en elle suggère la course éternelle et cyclique de l'astre suprême. Délicatement sublimée par les tonalités chaudes de La création du monde, ballet de Darius Milhaud, elle achève de donner au film son caractère enveloppant et hypnotique.