THE ASSISTANT

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Jane vient de décrocher un job de rêve. Sur le papier, en tous cas. Diplômée d’une université cotée des Etats-Unis, elle qui souhaite devenir productrice dans le milieu du cinéma et de la télévision fait ses gammes en tant qu’assistante du patron d’un immense studio réparti entre New York, Los Angeles et la Chine.

Assistante, ou plutôt bonne à tout faire. On la suit pas à pas durant les 24h d’une journée épuisante. Elle est arrivée aux aurores, est à la disposition d’un tyran qu’on ne verra jamais mais dont le management est autoritaire et humiliant. D’ailleurs, la chape de plomb pèse sur tous les employés.

Elle s’occupe de réserver son chauffeur, de lui préparer des cafés ou des cocktails énergisants, de ranger ses médicaments. Quand on lui demande d’accompagner la nouvelle recrue dans un hôtel, elle prend conscience d’un système pervers, odieux mais qu’il lui est impossible de dénoncer.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'INTOUCHABLE HARVEY WEINSTEIN (Une autre dénonciation, cette fois par une longue enquête, du système Weinstein par la documentariste anglaise Ursula Macfarlane) ou encore LE DIABLE S'HABILLE EN PRADA (Une autre dénonciation, cette fois avec humour, du management toxique dans les entreprises américaines en vue. Ici, il s'agit de la mode, et non de l'audiovisuel, mais la statut d'assistante n'est pas plus enviable).

Toute ressemblance avec un certain Harvey Weinstein et le système de prédation et de silence complice qu’il avait réussi à mettre en place durant de longues années n’est absolument pas fortuite. S’il n’est jamais nommé comme tel, sans doute parce qu’il n’est pas le seul à s’être comporté aussi mal, la réalisatrice Kitty Green prend bien soin de ne jamais le monter et de ne le faire exister que par sa voix et ses ordres. Ce qui n’empêche aucunement la cinéaste de dénoncer la terreur qu’il fait régner et la complicité implicite qu’il impose à tous. Personne n’est dupe mais personne ne parle. En suivant Jane au fil des heures et des tâches répétitives de son job, elle révèle aussi l’état de soumission volontaire dans laquelle se glissent des têtes bien faîtes, pourtant capables de beaucoup mieux et notamment d’esprit critique. 

La cinéaste australienne, issue du documentaire et qui signe ici sa première fiction, a opté pour une forme ténue dont elle respecte le cadre scrupuleusement. Sa caméra ne décolle jamais de Jane, occupée à ses tâches ingrates, et quand elle se risque à sortir des bureaux impersonnels de la société, c’est pour se mettre en danger. Ce qui donne pourtant lieu aux deux meilleures scènes du film, aussi glaçantes l’une que l’autre : celle de l’entretien avec un cadre, sans doute de la DRH, et l’autre, la dernière quand elle téléphone à son père. Parler ou se plaindre ne peut être une issue ; se résigner ou démissionner, sans doute plus mais à quel prix ?

Dans cette détermination à ne jamais faillir ou si peu, l’actrice Julia Garner qui interprète Jane est formidable. Elle n’est ni transparente, ni inhumaine, juste coincée par son ambition légitime de tenter de faire sa place dans un milieu où il lui faudra manifestement fermer les yeux pour réussir. Tout se lit sur son visage qui s’évertue pourtant à rester le plus neutre possible. Formée au théâtre, Julia Garner qui se dit fascinée par le jeu de Monica Vitti et de Bette Davis, a débuté au cinéma dans Martha Marcy May Marlene avant d’intégrer l’équipe de Sin City, de s’installer comme actrice récurrente des séries The Americans et Ozark et de camper à nouveau l’interprète principale du prochain film de Kitty Green : The Royal Hotel. 

The Assistant de Kitty Green qui nous fait vivre la longue journée d’une assistante (Julia Garner) dans une grosse société de production de films. On y découvre un monde oppressant, impitoyable, sexiste et misogyne. Le film est rythmé au son des cliquetis des touches de ...

The Assistant agglomère sous les traits d'un film des centaines de témoignages recueillis par la réalisatrice Kitty Green. Des témoignages d'employés officiant surtout dans des boîtes de productions comme celles d'Harvey Weinstein ou de Miramax. Pour parler comme au bureau ...

Confortablement installé dans son costume de patron d'un grand studio, le monstre ne sera jamais nommé ni même réellement montré mais son ombre et la nature de ses agissements sont désormais connus de tous suite à la tornade médiatique #MeToo qui a heureusement déferlé ...