THE YACHT

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The Yacht est un thriller américain et maritime réalisé en 2021 par Declan Whitebloom. Son titre original, plus explicite, est Stowaway, autrement dit « passager clandestin ». Le personnage principal, Bella Denton, est une jeune femme moderne, jean déchiré aux genoux, boule quasi à zéro et préférant dire « carrément » plutôt que « oui ». Moderne, autrement dit, au sens où les scénaristes, producteurs et réalisateur l’entendent.

Cette jeune femme, abandonnée par son père, ayant la phobie de l’eau suite à un traumatisme durant son enfance, hérite d’un yacht de grand standing au décès de son père. Tête brûlée, elle ne respecte pas les consignes, raison impérative pour que l’intrigue se développe. Plutôt que d’aller dormir sagement à l’hôtel avant de signer tous les papiers administratifs, elle lève un mec – c’est ainsi qu’elle parlerait à ma place – et l’emmène sur son futur yacht. Fatalitas ! (C’est ainsi que je dirais à sa place) des voyous armés jusqu’aux dents, ne reculant pas devant le meurtre, détournent le yacht cette nuit-même.

Forcément, il y a un magot à saisir à bord. Cela nous vaudra des scènes avec des logiciels et des ordinateurs pour déjouer des codes secrets, car il n’y a pas que l’héroïne qui soit moderne, l’intrigue l’est aussi, qui joue habilement sur la technologie pour créer du suspense et filmer des plans d’écrans d’ordi avec des chiffres qui défilent. Y a-t-il du réseau en pleine mer, le téléphone portable se rechargera-t-il à temps, voici les moments forts du film. Plus sérieusement, qui était donc ce père à la tête de 80 millions de dollars et qui sont ces tueurs entêtés qui ne pensent qu’à l’argent ? Et comment la jeune Bella parviendra-t-elle à se sortir de ce guêpier, perdue en pleine mer, alors qu’elle se refuse à se jeter à l’eau ?

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PIÈGE DE CRISTAL (Die Hard (1988), de John McTiernan. Ici, c'est Bruce Willis qui est le témoin involontaire des meurtres d'un groupe armé et qui doit se cacher pour survivre. Nous ne sommes pas sur un yacht mais dans une tour de verre.) ou encore LE BATEAU DE LA MORT (Death Ship (1980), d'Alvin Rakoff. Neuf survivants d'un paquebot se réfugient sur un cargo qui semble abandonné. Le danger est cette fois fantastique: le cargo est fantôme et peuplé de zombies.).

Le cinéaste, Declan Whitebloom, n’est pas un débutant, mais The Yacht, curieuse traduction « française » pour Stowaway – tout est dans l’audacieux The –, est son premier long métrage de fiction après une ribambelle de clips musicaux, près d’une quarantaine tournée depuis 2004. Il a ainsi filmé Lindsay Lohan, the Jonas Brothers, Hilary Duff et quantité de chanteurs dont j’ignorais jusque là, comme vous je suppose, les noms. Pourtant la belle Rita Ora, chantant Anywhere, mérite sans doute notre attention, pour peu qu’on apprécie les comptes Instagram et qu’on passe son temps sur Youtube.

Ne persiflons pas, un stakhanoviste du clip peut certainement réaliser un thriller dans la moyenne. Ian Hayden, le scénariste, en est aussi à son premier film. Il connaît les ficelles, ménage son suspense, joue sur les bons sentiments, explicite les motivations de certains personnages, certainement aidé par un cahier des charges de la production. L’épreuve subie par Bella Denton sera évidemment initiatique. En digne fille de son père mercenaire, elle emploiera raisonnablement la force, car un bon thriller sans effets spéciaux pyrotechniques n’existe pas, et se réconciliera post-mortem avec ce père absent. Et pour bien souligner son évolution, elle ne portera plus de jeans déchirés.

Pour jouer ce personnage, il faut engager Ruby Rose, mannequin d’origine australienne, présentatrice télé notoire – pour ceux qui ont la télévision – et actrice de séries – pour ceux qui les regardent. En 2016, elle joue Abigail dans Resident Evil : Chapitre final et se lance dans le cinéma tout en gardant, pas folle la guêpe, une intense activité dans la publicité. Femme de son temps, abondamment tatouée, nous savons depuis peu tout de sa vie privée, de ses troubles bipolaires et de son genre, qu’elle affirme être « fluide ». Tout savoir, comme nous sommes loin, très loin de l’ambiguïté insondable des femmes fatales du Hollywood d’antan. Ruby Rose est considérée comme une icône de la communauté LGBT et, en 2017, comme l’une des personnalités vegan les plus sexy. Et si Ava Gardner était un homme ?