THERE ARE NO SAINTS

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C’est le récit sans concession d’une vengeance. Celle qu’un ancien tueur à gages entend conduire peu après sa sortie de prison. Celui qu’on surnomme Le Jésuite avait pourtant cru pouvoir reprendre une vie normale. Mais c’était avant que son passé ne le ratrappe et ne provoque la colère froide de l’amant de son ex-femme. Le cartel de celui-ci a kidnappé son fils. Mais tous les moyens seront bons alors pour le libérer. 

Réalisé par un cinéaste mexicain totalement inconnu sous nos latitudes, ce thriller noir de chez noir attire l’attention par la présence de Paul Schrader à l’écriture du scénario. Oui, vous avez bien lu, Schrader l’auteur ou co-auteur d’un nombre considérable de films pour Martin Scorsese notamment, dont Taxi Driver, Palme d’or 1976.  There Are No Saints n’est pas sans rappeler plutôt Légitime violence (1977), écrit par lui pour John Flynn. Déjà une histoire radicale de vengeance, avec William Devane et Tommy Lee Jones. 

Paul Schrader figure également au générique comme producteur délégué de ce film, qu’il fut tenté un temps de mettre lui-même en scène avant de laisser le champ libre à Alfonso Pineda Ulloa. Le scénariste-réalisateur dit s’est laissé déposséder “de bon coeur” de son “bébé”. “Je n’ai pas adhéré à certains changements souhaités par Alfonso, mais à l’arrivée le résultat est conforme à la noirceur que j’avais imaginée”. Voilà pour le compliment. Mais il vaut aussi de mise en garde : There Are No Saints s’adresse exclusivement à un public adulte. Et averti.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TAKEN (2007) (L'archétype du film de vengeance mettant en scène un père prêt à tout pour retrouver sa progéniture.) ou encore SICARIO, LA GUERRE DES CARTELS (2018) (L'un des meilleurs films récents sur la guerre que se livrent des gangs rivaux, à la frontière du Mexique et des Etats-Unis.).

La singularité première du film que vous venez de voir, réside certainement dans son caractère nihiliste, ou encore dans sa… radicalité narrative. Car il faut bien reconnaître qu’Il est rarissime dans un film de genre destiné à offrir en premier lieu un “divertissement”, qu’un enfant paye de sa vie pour les fautes commises par son père ! Le réalisateur Alfonso Pineda Ulloa s’en accommode fort bien : “De nos jours, le public a cessé depuis longtemps de croire aux figures héroïques, ils recherche plus volontiers des personnages qui montrent autant de défauts que de qualités, comme les humains lambda”. 

L’autre curiosité qui entoure cette production américano-mexicaine est son élaboration en plusieurs temps. Son écriture remonte à 2010, sa préparation à 2012 - Willem Dafoe et Michelle Rodriguez avaient alors été pressentis pour les premiers rôles - quand son tournage n’a eu lieu qu’en 2014 avec un nouveau cast. Depuis lors, le projet avait été pour le moins “abandonné”, avant qu’il ne ressorte de la glacière juste après la pandémie, mais réclame que des scènes soient tournées de nouveau. Au passage, Brian Cox (le héros de la série Succession) a fait les frais de ce “reboot”, remplacé dans le dernier quart du film par Ron Perlman. “Magie du cinéma” on dira.  

Dans le rôle principal, l’acteur mexicain José Maria Yazpik alias Le Jésuite, a vu entre temps sa cote de popularité faire un bond notable. Remarqué dans son pays au générique de quelques télénovelas, il a ensuite trouvé des rôles secondaires chez Pedro Almodovar, comme dans Les Amants passagers (2012). Depuis, sa performance dans la série Narcos pour Netflix l’a conduit à poursuivre sa carrière des deux côtés du Rio Grande. Fils d’un gynécologue et d’une employée de maison, José Maria, "Chema" pour les intimes, s’est forgé une réputation de garçon direct, allergique à la langue de bois, comme lorsqu’il déclare ne plus aller au cinéma - “pour la quantité de daubes qu’il y a à voir!” - et jure s’être “ennuyé ferme” lors de son unique passage au Festival de Cannes. Son idole ? Peter Sellers. “Quand j’étais enfant, je me souviens avoir demandé à ma mère si on pouvait gagner sa vie en faisant comme lui”. J’avais trouvé ma vocation !”