GEMINI MAN

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Le clonage humain reste, pour le moment, un fantasme de scientifiques. Pour ce qui est de la fiction, c'est déjà un acquis : on ne compte plus les séries et les films où des individus se retrouvent confrontés à de parfaites copies d'eux-mêmes.

Dans Gemini Man, un tueur à gages (Will Smith) qui commence à être un peu rouillé se retrouve traqué par un double plus jeune, envoyé par ses employeurs pour se débarrasser du sniper devenu encombrant. Soit le parfait scénario pour un thriller d'action. Menant plus que rondement cette mission, Gemini man s'avère pourtant un étonnant film de laborantin, Ang Lee ayant souhaité le filmer en HFR, dispositif formel, augmentant le nombre d'images par secondes.

Un format révolutionnaire et sans doute trop en avance : peu de salles pouvant encore le diffuser. Qu'importe, même privé des prouesses de cette technique Gemini Man fait faire un bond phénoménal au cinéma d'aventures, que ce soit par le relief naturel du moindre détail, la lisibilité sans pareil de séquences d'action spectaculaire comme la poursuite en moto qui ouvre le film. L'ultra-réalisme renforçant le jeu des comédiens. A fortiori avec une double dose de Will Smith, ici des plus troublants dans les scènes où il incarne en miroir un vétéran usé et un rookie prêt à en découdre.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver UN TUEUR POUR CIBLE (Parce que c'est également l'histoire d'un tueur à gages traqué par ses commanditaires. Le tueur, c'est Chow Yun-Fat, star classieuse des films de John Woo, ici dans son premier rôle hollywoodien.) ou encore INDIANA JONES ET LE CADRAN DE LA DESTINÉE (Parce que cette ultime aventure d'Indiana Jones rajeunit Harrison Ford grâce aux mêmes effets spéciaux que "Gemini Man" dans sa pétaradante séquence d'ouverture.).

Gemini man a beau être doublement un film d'anticipation – par son récit futuriste comme par son format visuel, il vient de loin. En 1997, le scénariste Darren Lemke propose le pitch d'une course-poursuite entre un agent de la CIA et son clone à différents studios. Warner Bros et Disney se le disputent mais y renoncent faut de pouvoir créer des effets spéciaux convaincants. Le projet ne reste pas lettre morte pour autant, au gré des années, divers réalisateurs (Tony Scott, Curtis Hanson), y sont associés tandis que des scénaristes chevronnés ( Jonathan Hensleigh, Andrew Niccol...) peaufinent le scénario. Plusieurs stars (Harrison Ford, Mel Gibson, Nicolas Cage, Johnny Depp...) sont approchés, des tests sont mêmes tournés par Clint Eastwood et Joe Carnahan  mais tombent à l'eau faute d'effets probants.  Ce n'est qu'en 2016 que Gemini Man est enfin lancé, avec Ang Lee aux commandes.

Non seulement, la technique du « deaging », effet numérique pouvant reproduire le visage rajeuni d'un acteur – employé dans The Irishman sur Robert De Niro et Al Pacino ou sur Harrison Ford pour Indiana Jones et le cadran de la destinée- est alors enfin satisfaisant, mais surtout Lee a convaincu la production de la puissance immersive du HFR qui dynamisera les scènes d'action tout en rendant les scènes de dialogues plus émotionnelles. De plus le réalisateur a déjà expérimenté cette technique sur Un jour dans la vie de Billy Lynn et est donc un des rares à la maîtriser. Le tout combiné devant faire de Gemini Man un nouveau modèle de blockbuster.

Le véritable challenge sur Gemini Man sera pour l'équipe de Weta films, la société de Peter Jackson, chargé de « créer » le double de Will Smith, en particulier de trouver la bonne texture d'image pour ses yeux. Plus d'une centaine d'informaticiens plancheront avant d'y parvenir et de rassurer Lee qui confia, qu'au-delà du pari technique de tourner un film d'action en HFR, ce qui l'avait attiré sur ce projet était son envie d'un film qui soit une étude « quasi microscopique du visage humain, pouvant refléter jusqu'à ses cellules ». De quoi faire de Gemini Man un film auquel il tient comme à la prunelle de ses yeux.

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