KANUN, LA LOI DU SANG

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Le Kanun, code coutumier de l’honneur pratiqué en Albanie, définit les règles pour venger un homicide : la famille du mort a le droit de « reprendre le sang » en tuant n’importe quel homme de l’autre famille ». Lorik, le personnage principal de ce thriller filmé à Bruxelles, connaît bien cette « loi du sang ». Il est lui-même visé par une vendetta. 

Né dans un petit village albanais, Lorik a dû fuir très tôt son pays pour sauver sa peau. Des années après, cette tradition ancestrale va le rattraper. Même à des milliers de kilomètres de la terre natale, sa vie est à nouveau en danger. 

Déroulant une histoire d’amour romantique dans l’univers violent de mafieux à la gâchette facile, Kanun, la loi du sang convoque Eros et Thanatos au service d’un film de genre. L’envie première du réalisateur Jérémie Guez était d’ailleurs de raconter une passion adolescente. L’épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête du personnage masculin principal est venue apporter « un contrepoint rêvé à cette romance ». 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ENTRE LA VIE ET LA MORT (Un thriller qui se déroule également à Bruxelles) ou encore PUSHER (Avec Kanun, Jérémie Guez a voulu rendre une forme d'hommage à ce film qu'il admire).

Avec Kanun, Jérémie Guez a voulu se démarquer de ses deux précédents films, Bluebird et Sons of Philadelphia, en matière de mise en scène. « J’avais mis des rails de travelling, j’allais lentement et ça m’avait beaucoup plu, raconte le réalisateur. Mais pour Kanun, j’avais envie d’explorer tout ce que je pouvais faire avec une caméra. J’avais une idée très précise de la manière dont je voulais filmer et du résultat esthétique que je voulais obtenir. »  La consigne donnée à son chef-opérateur a été la suivante : « que feraient des Hongkongais des années 80 ou 90 s’ils filmaient l’Europe du Nord ? » Sans chercher à imiter, l’idée était de retrouver leur manière de penser. « Quand le cadre bouge vraiment, c’est très peu de « caméra épaule », mais plutôt de la caméra portée à la hanche », résume le réalisateur.  

« Je ne me suis jamais vraiment remis de Pusher, de Nicolas Winding Refn, reconnaît Jérémie Guez. Pusher est le film de ma réalité, de mon monde, qui conjuguait parfaitement mon amour du cinéma et là où j’en étais dans ma vie. Ce n’est pas maniéré et c’est fait avec rien. Peut-être qu’inconsciemment, Kanun rend hommage à Pusher. » Il ajoute cependant que son film est aussi l’occasion d’afficher sur l’écran son admiration pour le cinéma de Hong Kong, et des cinéastes tels que John Woo, Tsui Hark ou Ringo Lam. Au-delà des références cinématographiques, à travers le personnage de Sema, Kanun lance de discrets clins d’oeil à l’histoire de l’art. Comment ne pas penser à la série de toiles « Tirs » de Niki de Saint-Phalle, devant la scène où la jeune artiste fait exploser les sachets de peinture rouge ?  

Autour des comédiens comme Wael Sersoub, déjà présent dans Sons of Philadelphia, qui joue Lorik, et Tugba Sunguroglu, révélée par Mustang, dans le rôle de Sema, le réalisateur a réuni des « personnes qui pratiquent ou ont pratiqué dans la vie le genre d’activités dépeintes dans le film, qu’il s’agisse du milieu du jeu, des vitrines, des bars »... Ces acteurs non professionnels ont été repérés via un casting sauvage. « C’est d’ailleurs toujours drôle de voir des personnes à qui rien ne fait peur dans la vie être intimidées par une caméra », s’amuse le réalisateur. 

Le fond de l'histoire avec cette tradition pour le moins "talionesque" est une excellente idée. Le traitement du quotidien mafieux avec la loi du kanun qui s'invite dans l'intrigue est malin. La réalisation et la mise en scène très caméra au poing sont ...