LA TOUR

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Vous pensiez qu’il n’y avait rien de pire que les confinements vécus en 2020 ? Attendez de voir La Tour. Un matin, les habitants d’un immeuble se retrouvent dans l’incapacité d’en sortir : un épais voile noir les en empêchent. Pis, celui ou celle qui s’y essaie se retrouve broyé, aspiré ou autre chose du genre guère enviable. Alors ses habitants s’organisent. Ils savent qu’ils vont rester longtemps. Très longtemps. Vraiment très longtemps. À vrai dire, des années.  

Ce qui aurait pu donner lieu à une chouette histoire d'entr'aide vire en fait au cauchemar et à la guerre des gangs. Pire que des aventuriers de Koh Lanta prêts à vendre enfants et dignité pour un burger lors d’une épreuve de confort, les habitants de La Tour se prostituent pour un paquet de chips ou de la viande séchée. 

Comment survivre à sa dépendance à la drogue quand l’extérieur n’existe plus ? Faut-il manger ses animaux ? Faut-il privilégier sa communauté - blanche, arabe, noire - au détriment des autres ? Et pour cette femme enceinte, comment accoucher ? Autant de questions pas toujours glorieuses, auxquelles répond Guillaume Nicloux dans ce nouveau film ambitieux, mettant en scène la jeune génération à la tête de laquelle on retrouve le rappeur Hatik et Angèle Mac, vue dans la saison 9 de Skam France.  

Dans le même genre, vous pouvez voir L’ange exterminateur de Luis Buñuel. Il y est aussi question de gens bloqués dans un lieu clos : ici il s’agit d’une maison bourgeoise à Mexico. Et là aussi les comportements des convives virent à l’absurde ou à la violence. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BONE TOMAHAWK (Nicloux cite ce film comme un modèle du genre entre ce qui relève de l'horreur visible et celle de l'invisible.) ou encore LA HORDE (Encore une question de tour HLM et d'horreur, cette fois-ci avec des hordes de zombies partout !).

Guillaume Nicloux, le réalisateur de La Tour, n’en est pas à son coup d’essai dans les œuvres iconoclastes au sein du cinéma français. Dans L'Enlèvement de Michel Houellebecq, il imaginait le kidnapping ubuesque du célèbre écrivain. Il retrouvait ce dernier dans Thalasso en 2019, où, en compagnie de Gérard Depardieu dans son propre rôle, il filmait leur difficile cure à tous les deux. Autant dire que ça fumait et picolait en douce. Dans un autre genre, The End, toujours avec Depardieu, perdait l’acteur dans la forêt pour une plongée quasi mystique.  

Il ne faut pas oublier le sublime Valley of Love, où cette fois-ci « Gégé » retrouvait Isabelle Huppert dans la fameuse vallée de la mort du titre. Au programme, une histoire de deuil d’un fils tant aimé. Et là encore des visions, des angoisses et la magnifique Question sans réponse de Charles Ives qui résonnait (musique aussi entendue dans La Ligne rouge de Terrence Malick).  

Ces plongées déchirantes aux tréfonds de l’âme humaine sont peut-être le fil rouge de l’œuvre de Guillaume Nicloux, avec comme point d’orgue La Tour, dont l’écriture est venue de « la résurgence d’une peur infantile, celle du noir total ». C’est aussi un film de deuil et de douleur, après la mort de Gaspard Ulliel avec qui il avait travaillé notamment dans Les Confins du monde. Un Gaspard qui, à l'instar des gens en dehors de la tour, est lui aussi perdu dans des limbes noires que Nicloux ne peut atteindre.

"La Tour" est un film fantastique d'épouvante réalisé par Guillaume Nicloux, avec des performances convaincantes d'Angèle Mac, HATIK, Ahmed Abdel-Laoui et Kylian Larmonie. Le film se concentre sur les habitants d'une tour qui se réveillent un matin pour ...

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