LA VIEILLE FILLE (VERSION RESTAURÉE)

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Si les personnages de célibataires désabusées ne sont pas rares au cinéma, les films ayant pour titre La Vieille Fille se comptent sur les doigts d’une main... qui n’aurait que le pouce et l’index. Le premier est signé Edmund Goulding, il a été réalisé en 1939. La vieille fille du film, c’est Bette Davis, of course. Cette actrice admirable qui semble sur le plan amoureux avoir affronté de film en film des vents contraires d’une rare intensité. Mais c’est du second dont nous allons parler, celui que Jean-Pierre Blanc a réalisé en 1971, avec Annie Girardot dans le rôle-titre. 1971, c’est l’année de Mourir d’aimer, un mélo politique un rien démago signé André Cayatte, mais qui allait faire de notre Annie nationale la comédienne préférée des Français. Moins charmante que Deneuve ou Bardot, Annie Girardot permettait en ce temps-là une identification immédiate à nombre de Françaises, d’autant que les rôles qui lui étaient offerts renforçaient cette proximité : elle n’était pas femme fatale ou espionne, plutôt femme au foyer, médecin, prof… Autant dire qu’elle n’avait aucune difficulté à être crédible dans le rôle d’une célibataire allant passer ses vacances seule dans un hôtel des Bouches du Rhône.

Riche idée que celle de lui donner Philippe Noiret comme partenaire. Car Noiret, c’est un peu son alter ego masculin, un homme à qui l’on donnerait volontiers une tape sur l’épaule, qui n’essaie pas de jouer les séducteurs. Ce n’est pas son emploi, comme on dit au théâtre. Annie Girardot et lui s’étaient croisés dix ans plus tôt dans un film oublié de Jean Delannoy, Le Rendez-vous. La Vieille Fille les consacre comme couple de cinéma. Suivent en effet La Mandarine l’année suivante, où ils sont mari et femme. Puis Tendre poulet et sa suite On a volé la cuisse de Jupiter, où De Broca tente de retrouver la pétulance de la screwball comedy des années 30 et 40. Ils partageront enfin l’affiche de Souvenirs souvenirs en 1984, mais sans jamais se croiser…

Grâce à eux, mais aussi au talent de Jean-Pierre Blanc, dont ce fut le premier long métrage, La Vieille Fille est un petit bijou, entre cruauté et tendresse. Un peu comme si Jacques Tati s’était mis en ménage avec Jean-Pierre Mocky. On ne peut pas ne pas penser au réalisateur des Vacances de Monsieur Hulot, ne serait-ce que pour le décor de l’hôtel où se croisent d’improbables personnages. Mais Blanc emprunte également au signataire d’Un drôle de paroissien, tant il, se plaît à croquer avec un art consommé de la caricature les personnages secondaires de cette galerie un rien foldingue. Et le plus incroyable c’est que le mélange est harmonieux. Pas de grumeaux dans la pâte.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE RAYON VERT (C'est également l'histoire d'une femme qui passe seule ses vacances à la mer) ou encore LES VACANCES DE MONSIEUR HULOT (Encore des vacances à la mer, racontées avec une acuité et une tendresse particulières.).

Marthe Keller en allumeuse pour qui les hommes ont les yeux du loup de Tex Avery, comment pourrait-il en être autrement, Michael Lonsdale en pasteur qui n’entend pas renoncer aux plaisirs de la table, Edith Scob en mystique masochiste, ce qui est un pléonasme, Maria Schneider qui n’avait pas encore dansé le dernier tango à Paris en minette folle du bronzage, les personnages secondaires sont irrésistibles. Sans oublier Jean-Pierre Darras dans  le rôle du directeur de l’hôtel, souvent dépassé par les événements. A la ville, Darras était un vieux copain de Noiret. On l’a oublié, mais les deux larrons ont écumé les cabarets ensemble dans les années 50 et 60, de L’Ecluse aux Trois Baudets, de la Villa d’Este à L’Echelle de Jacob. Ils s’y moquaient volontiers des politiques, frayant à l’occasion avec les plus grands chansonniers du moment, Robert Rocca et Jacques Grello.

Autant dire que Philippe Noiret avait bien des cordes à son arc. Il a été l’un des piliers du TNP de Vilar, explorant en gourmet le théâtre classique, se liant d’amitié avec Gérard Philipe. Puis le cinéma s’est emparé de lui. Peu de navets dans sa filmo, qui porte témoignage à la fois de son éclectisme et de son exigence. Son universalité l’a conduit à se faire un nom en Italie, où il apparaît dans une bonne vingtaine de films. Vous vous souvenez de cette scène mémorable de Mes chers amis où il se rend à la gare pour filer des claques aux voyageurs imprudents se penchant par la fenêtre ? Un grand monsieur. Qui sait prendre des risques en acceptant des projets casse-gueule, comme La Grande Bouffe. Ou en accordant sa confiance à des cinéastes débutants. C’est ainsi qu’il est devenu l’acteur autobiographique de Bertrand Tavernier, pour reprendre la formule du signataire de L’Horloger de Saint-Paul. Si Annie Girardot et lui-même n’avaient pas exprimé leur désir ardent de jouer dans le film, La Vieille Fille ne se serait pas fait.

Il faut dire que Jean-Pierre Blanc était un quasi-inconnu en 1971, qui ne pouvait se prévaloir que de quelques courts métrages après des études de médecine avortées. La Vieille Fille est donc son coup d’essai. C’est aussi son coup de maître. Qui lui vaudra d’être honoré au Festival de Chicago pour avoir signé le meilleur Premier film de la sélection. La suite de sa carrière sera moins enthousiasmante. Ni son second long métrage, Un ange au Paradis, une fable bizarre sur la place de la femme dans la société, ni son troisième, D‘amour et d’eau fraîche, où il retrouve Annie Girardot, qui se partage les faveurs de Julien Clerc avec Miou-Miou, et encore moins son quatrième, L’Esprit de famille, ne parviendront à égaler La Vieille Fille. Trois films de télévision viennent compléter cette filmo somme toute succincte qui ne pourra plus s’étoffer, le cinéaste ayant cassé sa pipe le 21 mai 2004…

Imaginez un scénario de Bunuel que Tati n'aurait pas eu le temps de filmer, et qu'il aurait filé à son premier assistant, un chouïa fleur bleue : ça donnerait "La vieille fille", un film tendre, gentiment énigmatique mais vraiment pas trop, porté avec grande tendresse par ...

Comédie romantique douce-amère joliment troussée et jouée par ses deux personnages principaux sur le ton du drame, ce premier film de Jean-Pierre Blanc vous permet de passer un agréable moment, passée la mise en place de l'intrigue et la présentation des personnages. Certes, ...

Pendant leurs vacances au bord de la mer, deux célibataires timides, une femme renfermée et un homme balourd, se rencontrent et se fréquentent maladroitement. Annie Giradot est absolument REMARQUABLE . Je pense que tout ceux qui l'ont vu se souviendront de la fameuse scène ...