LE MONDE APRÈS NOUS

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Labidi, romancier aspirant, monte à Paris dans l’espoir de faire éditer ses écrits mais ce fils de cafetier lyonnais aura tôt fait de découvrir que la vie n’est pas si simple dans la capitale surtout quand il tombe amoureux. Le Monde après nous, découvert au Festival de Berlin en 2021, plonge dans le quotidien de ce jeune homme qui apprend à survivre en milieu hostile. Avec autant d’humour que de tendresse, Louda Ben Salah-Cazanas signe un  premier long métrage sensible sur un provincial attachant tentant de vivre au-dessus de ses moyens.

Ancien élève de Sciences Po, Louda Ben Salah-Cazanas a signé quatre courts métrages sélectionnés aux festivals de Clermont-Ferrand et de Namur avant de se lancer dans l’aventure d’un « long ». Il s’est très librement inspiré de sa propre expérience pour écrire l’histoire du héros qui peine à trouver sa place. Comme son personnage, le réalisateur a dû apprendre à survivre tout en essayant de continuer à pratiquer son art.

Il a confié le rôle principal de son film à Aurélien Gabrielli qu’il dirige ici pour la troisième fois. Il a écrit pour l’acteur le rôle de ce garçon pince-sans-rire capable d’observer les choses sans s’énerver. Il savait que le comédien saurait échapper au cliché du romancier en devenir et c’est aussi pour cela qu’il l’a choisi. On a pu voir Aurélien Gabrielli dans Quand je ne dors pas (2015) de Tommy Weber et Fraté (2022) de Karole Rocher et Barbara Biancardini.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ILLUSIONS PERDUES (Le personnage principal du film de Xavier Giannoli découvre aussi durement la vie dans la capitale alors qu'il vient de quitter sa province natale.) ou encore MOULIN ROUGE ! (Le héros de la comédie musicale de Baz Luhrmann est aussi un écrivain aspirant qui tente de survivre en exerçant son art.).

Avant d’écrire Le Monde après nous, Louda Ben Salah-Cazanas avait envisagé de tourner un film d’horreur. Après avoir rencontré sa future épouse et avoir connu des revers financiers, il s’est penché vers un sujet qui lui était plus personnel. La réplique « Quand j’écris, je le fais pour moi », que prononce son héros, est celle qui, selon lui, définit l’ensemble du film. Son titre est celui du roman qu’écrit le personnage principal. Le réalisateur l’a choisi parce qu’il le trouvait un peu mégalomane mais aussi à la mode comme pourrait l’être l’œuvre du jeune homme.

Pour la bande originale du film, Louda Ben Salah-Cazanas a demandé à Jean-Charles Bastion, collaborateur d’Elisabeth Vogler pour Paris est à nous (2020) et de Kavich Neang pour White Building (2020), de mêler des musiques préexistantes à ses compositions. Ils ont choisi d’y inclure Un  homme heureux, chanson de William Sheller sur le conseil de l’épouse du réalisateur. La nostalgie qui se dégage de ce titre lui semblait idéale pour la fin du film où le héros réfléchit aux expériences qu’il a vécues. Le compositeur a créé aussi une musique organique à base de violoncelles qui ajoutaient du corps à sa partition.

Le réalisateur a voulu que l’esthétique de son film corresponde à celle d’un souvenir. C’est pour cela que l’image du Monde après nous est patinée et tire sur le bleu et le gris. Il a souhaité faire vivre l’urgence dans laquelle se trouvent les personnages et s’est donc adapté au jeu de ses acteurs pour sa mise en scène. Une partie du tournage s’est effectuée dans la chambre de bonne qu’habitait réellement Aurélien Gabrielli. Le cinéaste tenait à utiliser ce  lieu minuscule pour que le film soit le reflet de ce qu’ils vivaient tous à ce moment précis de leur existence. Chaque membre de l’équipe avait apporté quelque chose de personnel pour évoquer leur galère commune.

Pas de superflu dans ce film et pourtant, ces petits instants qui font qu’il saisit si justement l’essence de la vie. Un film sur la jeunesse, drôle et touchant qui dépeint justement une vie, celle de Labidi (porté par l’excellente performance de d’Aurélien Gabrielli) ...

Auteur en devenir, Labadi fait des aller-retours entre Lyon, où habitent ses parents et Paris, la ville fantasmée de tant d'artistes où il vit dans un taudis qu'il partage avec son ami Alekseï. Un jour, il tombe amoureux d'Elisa, fumant une cigarette sur la terrasse du café ...

C'est un film touchant qu'on a envie de défendre...Je me suis beaucoup attachée à Labidi, le personnage principal, pas sûr de lui, un peu dépressif, un peu loser sur les bords, mais qui sait aussi être tenace quand il faut... Un grand bravo aussi à Aurélien Gabrielli, ...