DIVERTIMENTO

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Qui ne connait pas l'adage selon lequel la musique adoucit les mœurs ? Encore faut-il y avoir accès. Zahia et Fettouma Ziani avaient pour rêve depuis l'enfance de devenir, l'une violoncelliste classique, l'autre chef d'orchestre. Mais comment faire pour intégrer ce milieu professionnel connu pour être clos quand on est jeune femme, d'origine algérienne et grandie dans un HLM de Seine-Saint-Denis ? Peut-être en prenant le taureau par les cornes. 

Marie-Castille Mention-Schaar n'a pas voulu uniquement porter à l'écran l'histoire vraie des sœurs Ziani, mais à travers elle, celle des banlieusards discriminés par leurs origines sociale ou géographiques. Divertimento va donc au delà d'un cas singulier de réussite pour être un modèle de film inclusif, jusqu'à pousser un trame de biopic usuel à devenir, avec la même justesse, la chronique d'une ascension sociale inespérée que celle d'une relation entre sœurs. 

Porté par la complicité évidente entre Oulaya Amamra et Lina El Arabi, Divertimento, s'appuie aussi un rôle clé donné à la musique, jouée par de véritables instrumentistes, pour de formidables interprétations de tubes du classique, comme le Boléro de Ravel. De quoi faire idéalement ressentir ce qui aura été le moteur vibrant des sœurs Ziani.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PROVA D'ORCHESTRA (L'une des influences revendiquées (mais inattendues) de Divertimento est ce film de Federico Fellini sur les répétitions d'un orchestre) ou encore BILLY ELLIOTT (Comme Divertimento, ce film montre comment une vocation artistique va aider un ado a sortir de son rang social).

Film après film (Le ciel attendra, Les héritiers, A good man...), Marie-Castille Mention Schaar est toujours parti du réel pour explorer des questions de société. Divertimento ne déroge pas à cette recherche de matériau de départ, mais a la particularité d'avoir été commandé par des producteurs à la réalisatrice qui n'avait pas connaissance jusque là du parcours des sœurs Ziani. Elle avait pour autant des prédispositions pour s'y intéresser : sa grand-mère a été une violoncelliste réputée et son père fut chef d'orchestre.  

Autre écho déterminant pour Mention-Schaar : la jeunesse des personnages, élement commun à ses films, abordant pour la plupart les questions de transmission culturelles ou des stéréotypes sociaux pesant sur le futur de cette génération. Divertimento était le projet idéal pour les démonter, mettre en avant une motivation sans faille, qui plus est pour de jeunes femmes désireuses d'intégrer un monde professionnel réputé pour sa misogynie. La réalisatrice coupera cependant plusieurs scènes insistant clairement sur les humiliations auxquelles elles ont du faire face.

Le casting des rôles de Zahia et Fettouma fut rapidement établi, l'alchimie entre Oulaya Amamra et Lina El Arabi ayant pris dès les essais. La première n'ayant eu aucune formation à la musique classique apprendra ses bases auprès de Zahia Ziani elle-même. Le choix de l'acteur pour incarner Sergiu Celibidache, l'un des chefs d'orchestre les plus reconnus au monde, qui va deveni le mentor de Zahia, restait crucial. Mention-Schaar a trouvé chez Niels Arestrup, la complexité d'un personnage à la fois rugueux mais fasciné par la détermination de son élève. Pour ce qui est des autres apprentis musiciens, la réalisatrice a insisté pour engager de véritables instrumentistes, afin de ne pas avoir à dissimuler dans les plans des scènes concernées, des acteurs qui n'auraient pas atteint le même degré de véracité. A fortiori dans des scènes musicales volontairement tournées en son direct.

Parmi eux, un clarinettiste, Marin Chapoutot, au parcours proche de celui de Fettouma Ziani : en ayant à treize ans remporté Prodiges, émission de télé mettant en lumière des apprentis musiciens repérés en dehors des circuits traditionnels.

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