FANTÔME AVEC CHAUFFEUR

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Découvrir qu'on a un tiercé gagnant et mourir deux minutes après d'une balle perdue, c'est tout de même râlant ! Etre assassiné par son fondé de pouvoir quand on est milliardaire, ce n'est pas mieux... C'est ainsi qu'un chauffeur et son patron se retrouvent non seulement fantômes, mais avec beaucoup de comptes à régler. L'enfer, c'est les autres, comme disait Sartre et voilà Francis Veber au scénario et Gérad Oury à la réalisation qui illustrent, avec légèreté, cette affirmation sartrienne ! 
Depuis L'Emmerdeur, le duo mal assorti est la grande spécialité de Francis Veber : ici, le chauffeur chaud lapin joué par Gérard Jugnot et le PDG qui monte sur ses grands chevaux incarné par Noiret ne cessent de s'engueuler mais s'entendent finalement comme larrons en foire. Le duo gagnant, Gérard Oury connaît parfaitement aussi pour avoir créé le plus beau tandem qui soit : Bourvil et De Funès. Même s'il doit faire sans ses deux chers disparus, Noiret et Jugnot l'inspirent et on se régale lorsque Noiret découvre que son chauffeur Jugnot est "un sexuel" !
Pour ce film de 1995, son avant dernier, Oury se mettait au goût du jour avec des trucages rigolos et donnait la part belle au jeu vidéo, en lui accordant des vertus anti-criminel ! Et puis, comme toujours chez Oury, il y a une douce mélancolie, une part d'enfance, de pureté, de naïveté. L'idée qu'avec un peu d'effort, le paradis est toujours accessible. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA GRANDE VADROUILLE DE GÉRARD OURY (Parce que dans les tandems comiques composé d'un bourgeois un peu hautain et d'un représentant du peuple, ce film est le père de tous les autres ! A voir, revoir, pour également la finesse d'analyse sur la France de l'Occupation.) ou encore L'ESPRIT S'AMUSE DE DAVID LEAN (Un garçon, une fille, une morte, combien de possibilités ?! Cette comédie fantastique de 1945 est une merveille de sophistication et d'impertinence. Avec le si élégant Rex Harrison et Margaret Rutherford-qui fut ensuite Miss Marple !).

Une 2 CV en miettes à cause d'une Bentley, un faux rabbin qui danse un ballet endiablé, Bourvil sur les routes de la France de l'Occupation avec des chaussures trop petites, un grand d'Espagne que son valet réveille le matin avec une cascade de pièces d'or... Gérard Oury a une place à part dans le cinéma français pour avoir réussi à donner ses lettres de noblesse à la comédie populaire. Le Corniaud, Les aventures de Rabbi Jacob, La Grande Vadrouille : un tiercé gagnant dans lequel il offrit ses meilleurs rôles à un certain Louis et nous offrit, à travers lui, un rire tout en Funès...
Si Gérard Oury avait une certaine idée du bonheur et de la tolérance c'est qu'il était né sous une bonne étoile en 1919, choyé par sa grand mère et sa mère, qui fréquentait nombres d'artistes et de peintres comme Raoul Dufy. Il fut d'abord acteur après avoir fait le Cours Simon et un peu La Comédie Française qui, pendant l'Occupation, préfèra ne pas le faire jouer car il est juif... Il fuira d'ailleurs en Suisse avec sa première femme et mère de sa fille Danièle Thompson.
Rentré en France en 1945, il enchaîne les rôles, jusqu'en 1957 où il écrit son premier scénario avec André Cayatte pour Le miroir à deux faces : un film où il rencontre deux personnes qui lui deviendront essentielles : Michèle Morgan, sa future compagne, et Bourvil. Sur le tournage de son troisième film en tant que réalisateur, un film à sketches, Le crime ne paie pas, il s'essaie pour la première fois à la comédie. Dans le dernier sketch, il est mort de rire en dirigeant un comédien qui rame encore : un certain Louis de Funès, qui lui balance autoritairement qu'il est un auteur de comédies et de rien d'autre. Non seulement Oury obéit, mais il a une idée géniale, la grande idée de sa vie : il pense à réunir ce petit énervé avec un acteur chevronné, un délicieux grand benêt : Bourvil. Le Corniaud sera le début d'une décennie dorée avec le pic de La Grande vadrouille et ses plus de 17 millions d'entrées en France. Nous sommes en 1966 et il faudra attendre 1997 et Titanic pour que ce record soit battu.
Puis, la Faucheuse lui enleva d'abord Bourvil. Il le remplaça par Yves Montand pour donner la réplique à De Funès dans La Folie des Grandeurs. Quand Louis disparut à son tour, Oury continua à faire rire avec des choses graves : avec Bebel et Hitler dans L'As des As. Avec la mort, Philippe Noiret et Gérad Jugnot dans Fantôme avec chauffeur. Jusqu'à la fin, Oury, qui pensait que le rire était la plus belle des politesses, sollicita nos zygomatiques. Quand il mourut, elles firent sacrément la gueule. 

C'est vrai que le film n'est pas spécialement drôle, il faut aborder ce film sans attente particulière c'est ce que j'ai fait je ne me souvenais que du nom et j'ai passé un très bon moment, je ne pense d'ailleurs pas que faire rire soit réellement ...

L'avant-dernier long métrage de Gérard Oury. Je regardai ma liste des films de Oury … et je voyais, à travers mes notations, que Oury avait quand même eu un sérieux coup de mou depuis "l'as des as".Eh bien, là, bonne surprise, "Fantôme avec chauffeur" ...