KARNAWAL

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Une petite ville au nord de l’Argentine aux confins de la Bolivie. Cabra, un adolescent du genre taiseux, n’a qu’une passion : la danse malambo. Il se prépare à participer prochainement à une compétition où il entend déployer tout son talent. C’est à ce moment que son père sort de prison et resurgit dans sa vie…

Premier long métrage de fiction de l’Argentin Juan Pablo Felix, un réalisateur venu du documentaire et des séries TV, Karnawal mixe allègrement les genres : thriller, récit d’apprentissage, drame familial. Le tout pendant les défilés et les festivités du carnaval qui animent les villages de la pampa.

Interprète du rôle principal, le jeune Martin Lopez Lacci est, à la ville, champion junior de  malambo. Après le tango, cette danse rythmée par des claquements de talons, constitue la deuxième danse nationale en Argentine. Elle était au départ pratiquée par les « gauchos », les gardiens de bétail. Le réalisateur Juan Pablo Felix a lui-même exercé cette danse dans sa jeunesse et elle lui permet ici de brosser le portrait d’un adolescent secret tout en éclairant un pan méconnu de la culture argentine.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BILLY ELLIOT (Une autre réalisation avec pour personnage principal un adolescent passionné de danse) ou encore SIN NOMBRE (Ce thriller mexicain sur un jeune homme en quête d'une vie meilleure fait partie des films qui ont influencé le réalisateur Juan Pablo Félix).

Juan Pablo Felix a écrit son film en plongeant dans des souvenirs personnels. Dans un premier temps, il s’est surtout concentré sur les personnages. Il a repensé aux compétitions de danse auxquels il a participé enfant et adolescent. Pour le père de Cabra, il s’est inspiré du père d'un ami proche à qui il a emprunté son ambiguïté, son côté à la fois sympathique et effrayant. Karnawal se donne ainsi comme un récit d’apprentissage centré sur « un jeune homme qui ne veut pas reproduire la masculinité par simple répétition ». Mais le metteur en scène a aussi ancré son récit dans les paysages montagneux du nord de l’Argentine pour restituer l’identité forte de cette partie du pays.

Juan Pablo Felix n’a pas choisi par hasard de situer son histoire à un moment très particulier. « Le carnaval dans cette région consiste à fêter la sortie du diable », explique-t-il. Cabra et sa mère retrouvent en effet le père du jeune homme, à sa sortie de prison, dans ce contexte où les corps et les esprits se libèrent. Le réalisateur tenait à donner une image la plus juste possible de ces festivités et il a filmé un carnaval réel de façon quasi documentaire un an avant les autres séquences. Le plan montrant des personnes vêtues de costumes très colorés dansant et chantant correspond ainsi au moment où le diable est censé sortir. Il était hors de question de jouer cette scène : en la reproduisant le film aurait été « frappé par le mauvais oeil et personne n’aurait d’ailleurs voulu y participer », précise le réalisateur.

Karnawal explore aussi la question de l’identité du peuple argentin. En choisissant de faire du personnage de Cabra l’enfant d’un père issu de l’immigration européenne et d’une mère d’origine bolivienne indigène, Juan Pablo Felix s’interroge sur le métissage et il voit dans Cabra « celui qui essaie le plus de se réapproprier l’origine ancestrale de l’Amérique latine ; ce rapport à la terre lorsqu’il frappe le sol de ses bottes avec force, comme pour essayer de retrouver l’identité originelle ».