PERMIS D'AIMER

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C’est dans le cadre de la Sélection officielle du festival de Toronto 2014 que fut présenté, pour la première fois, Learning to Drive, le dixième long métrage de fiction d’Isabel Coixet, réalisatrice, scénariste et productrice catalane, née à Barcelone en avril 1960.

Quittée par son mari pour une compagne plus jeune qu’elle, Wendy, une critique littéraire new-yorkaise de renom (incarnée par Patricia Clarkson) va reprendre confiance en elle et goût à la vie grâce à Darwan, un très philosophe chauffeur de taxi indien (Ben Kingsley), qu’elle a engagé pour apprendre à conduire. Patricia Clarkson et Ben Kingsley avaient déjà été dirigés par Isabel Coixet, six ans plus tôt, dans Lovers, drame adapté du roman semi-autobiographique de Philip Roth dans lequel leur liaison était bouleversée lorsque Ben Kingsley rencontrait Penélope Cruz, de 30 ans sa cadette.

Basé sur une histoire vraie, le scénario de Learning to Drive est l’œuvre de Sarah Kernochan, coscénariste, entre autres, de 9 semaines 1/2 et de Sommersby, le remake du Retour de Martin Guerre. Au festival de Toronto, le film que vous allez voir fut particulièrement apprécié par le public qui le propulsa à la deuxième place du classement de son bien nommé Prix du public.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES RECETTES DU BONHEUR (2014) (Improbable rencontre entre Madam Mallory, intransigeante restauratrice étoilée au Michelin, et Hassan, talentueux et obstiné jeune cuisinier indien.) ou encore MISS DAISY ET SON CHAUFFEUR (1989) (C’est avec son chauffeur que la sévère et égoïste Daisy Wertham apprendra à aimer la vie.).

La réalisatrice Isabel Coixet est la petite fille d’une caissière de cinéma. Cet heureux hasard lui permit de passer le plus clair de son temps dans les salles obscures de cette Espagne franquiste des années 60, avant de déclarer, dès l’âge de 7 ans, vouloir devenir réalisatrice. Après un passage par la publicité, à 23 ans, elle écrit son premier scénario : un film d’horreur, inédit en France, que réalisera l’un de ses compatriotes : Ignasi Ferré. Cinq ans plus tard, elle tourne son premier long métrage, dont le titre pourrait se traduire par « Trop vieux pour mourir jeune », qui lui vaudra une première nomination au Goya de la meilleure réalisatrice. Il lui faudra attendre sept ans encore pour mettre en scène son deuxième film de fiction, une coproduction hispano-américaine intitulée Des Choses que je ne t’ai jamais dites, qu’elle tourne aux Etats-Unis, avec Andrew McCarthy et Lili Taylor.

Cette fois, c’est le véritable début de son internationale carrière, partagée entre fiction et documentaire. En Espagne elle tourne l’Heure des nuages avec, notamment, Monica Bellucci ; au Canada, elle dirige Sarah Polley et Tim Robbins dans The Secret Life of Words ; en France, elle participe au film à sketches Paris, je t’aime, avec Sergio Castellitto ; au Japon, elle met en scène Sergi Lopez et Rinko Kikuchi – découverte dans Babel d’Alejandro Gonzalez Inarritu – dans Carte des sons de Tokyo. Côté documentaire, elle s’intéressa à des sujets très divers : de la torture, à la maladie du sommeil, du juge espagnol Baltasar Garzon au dictateur tchadien Hissène Habré. Dans celui-ci, c’est Juliette Binoche qui prête sa voix au commentaire, comme l’avait déjà fait Ben Kingsley dans le film que la réalisatrice avait consacré en 2010 aux dramatiques conséquences de l’assèchement de la mer d’Aral.

C’est après leur première rencontre pour Lovers, en 2008, que Ben Kingsley accepta de prêter sa voix à ce documentaire, avant de retrouver Isabel Coixet, et Patricia Clarkson, dans Learning to Drive où, comme dans Gandhi de Richard Attenborough, une trentaine d’années plus tôt, il mit à profit sa lointaine ascendance indienne. Fils d’une comédienne anglaise et d’un médecin indien né au Kenya, Ben Kingsley, né Krishna Bhanji en 1943 dans le Yorkshire, fut d’abord pensionnaire de la Royal Shakespeare Company avant d’apparaître à la télévision puis une première fois au cinéma, en 1972, dans le thriller de Série B : Six minutes pour vivre. Ce n’est que dix ans plus tard, qu’il devait revenir sur grand écran avec Gandhi, véritable début d’une carrière, à la fois brillante, prolifique et multirécompensée.

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