TOURNER POUR VIVRE

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Il y a parfois des aventures qui nous échappent, des projets qui prennent malgré nous une tournure totalement inattendue... C’est exactement ce qui est arrivé à Philippe Azoulay, le réalisateur du film que vous allez regarder. Au départ, il décide de s’embarquer aux côtés de Claude Lelouch pour suivre le réalisateur « de l’intérieur » dans une de ses nombreuses idées folles : mettre en scène 3 films en 3 ans... Les hasards et coïncidences de la vie vont faire que le voyage en fait durera 7 années !

Un périple qui débute avec « Salaud on t’aime » quelque part dans les Alpes et qui mènera le tandem Azoulay-Lelouch jusqu’aux rives du Gange en Inde avec « Un + une »... Un documentaire passionnant qui permet de comprendre pourquoi le cinéma est le moteur essentiel de cet homme-là depuis plus de 60 ans et dans lequel on croise celles et ceux qui donnent vie à ses films.

On assiste aux préparatifs souvent chahutés, à la réécriture constante des scénarios, à l’échange constant avec les acteurs, aux rebonds après un échec, à l’emballement suite à un succès : bref « Tourner pour vivre » porte merveilleusement son titre !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TONNERRE SOUS LES TROPIQUES (Tourner un film, c'est une aventure qui prend parfois des détours inattendus : voici un doc et une comédie qui vous le prouvent bien !) ou encore LOST IN LA MANCHA (Il est des films dont le destin est paisible malgré les péripéties et il en est d'autres qui virent rapidement à la catastrophe... Intéressant de suivre leur destin de l'intérieur grâce au documentaire.).

« Tourner pour vivre » (pour paraphraser son illustre sujet) c’est un peu « Lelouch mode d’emploi » ! Qu’on aime ou pas son cinéma, personne ne peut douter de la passion du réalisateur pour ce 7e art qu’il continue de pratiquer comme un gamin, avec appétit, curiosité et malice. En une cinquantaine de films, Claude Lelouch en a imaginé qui sont devenus des références mondiales, connu le succès et la consécration, l’échec et la moquerie. Mais rien n’y fait et Philippe Azoulay a su saisir cela dans son film : il poursuit son chemin coûte que coûte, partant du principe que « la vie a plus d’imagination que nous » et que ces péripéties méritent d’être mise en scène...

Ce genre de documentaire est toujours passionnant à voir car souvent, ils éclairent d’un jour nouveau une aventure de cinéma dont on croyait tout savoir. Prenez « Au cœur des ténèbres » sorti en 1991 : on y découvre combien le tournage de « Apocalypse now » a viré au cauchemar. Perdus au cœur de la jungle, soumis aux aléas de la météo, des caprices de Marlon Brando, de la drogue et d’un budget ayant échappé à tout contrôle, Francis Ford Coppola et son équipe ont bien cru ne jamais venir à bout de ce qui est considéré aujourd’hui (Palme d’Or à l’appui) comme un des plus grands films de l’Histoire...

Dans « Lost in la Mancha » en 2003 on découvre tout aussi ahuri comment un projet peut sombrer et carrément s’arrêter : Terry Gilliam va vivre l’enfer d’une adaptation cataclysmique de Cervantès avec l’obstination des désespérés, jusqu’au moment où plus rien n’est possible et où il faut renoncer, l’un de ses acteurs principaux (Jean Rochefort) blessé ne pouvant plus monter à cheval... « L’enfer », on en parlait, c’est aussi celui du film d’Henri-Georges Clouzot qui se lance en 1964 dans ce film expérimental et révolutionnaire avec à l’affiche Romy Schneider et Serge Reggiani. Trois semaines et puis...plus rien ! Il faudra des années pour découvrir les images en effet visuellement incroyables du long métrage dans un documentaire de 2003...

Claude Lelouch n'a qu'un seul Dieu : le Cinéma. Son zèle exclusif et inconditionnel lui a valu des succès planétaires ("Un homme et une femme") ainsi que de nombreux échecs. Sa lucidité tranche dans le vif : "J'ai été infidèle à mes femmes, ...

Elle, c’est la caméra. Celle de Claude Lelouch (30 octobre 1937 - ), celles de Claude Lelouch, depuis la toute première, offerte par un père trop tôt disparu, jusqu’aux multiples que l’infatigable réalisateur manipule encore, à quatre-vingts ans passés. C’est ...