UN HIVER EN ÉTÉ

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Avec UN HIVER EN ETE, Laetitia Masson se sert d’un contexte fictif (un froid polaire s’abat sur l’Europe en plein mois de juin) pour dresser plus simplement une fresque chorale d’une société au bord du désespoir et travaillée par quelques thèmes chers à la réalisatrice, comme la solitude et le besoin d’amour.  

Assez vite, on oublie l’argument catastrophiste et préapocalyptique pour entrer dans le vif du sujet, soit dix tranches de vie sans autre lien apparent qu’un intérêt commun des personnages pour un tableau de Monet : un militaire recueille un drogué, un vigile rencontre une peintre bègue, une chanteuse retrouve un ancien amant, un entrepreneur passe la nuit avec une éboueuse, une policière bigote recueille un Iranien.  

De cet assemblage hétéroclite, la cinéaste propose un tableau des angoisses de nos contemporains, servie par une distribution impressionnante. Nicolas Duvauchelle, Clémence Poésy, Elodie Bouchez, Cédric Kahn, Benjamin Biolay apportent une touche de prestige à cette fresque ambitieuse qui ne prétend délivrer aucun message, mais cherche plutôt à stimuler la réflexion.  

 
Dans le même genre vous pouvez trouver HER (pour la sensation de solitude du personnage au milieu de la foule) ou encore ACIDE (Pour l'ambiance désastreuse inspirée par le dérèglement climatique).

A travers les dix personnages de son film, Laetitia Masson cherchait à étudier les effets sur la vie intime des angoisses contemporaines comme le climat ou la précarité. Elle s’est inspirée dans sa démarche du livre de photographie Les Américains, de Robert Frank, qui dressait un portrait de l’Amérique des années 50. La cinéaste explique : "Dans ses photos, on voit tout : l’économie, le social, l’intime, simplement avec des portraits de gens pris dans la rue. C’est le regard du photographe qui révèle la profondeur de son sujet. Alors je me suis dit que j’allais essayer de faire des portraits de personnages et de les assembler pour que ça compose comme une fresque d’un moment, en France. C’est pour ça que j’ai voulu situer le film dans cinq régions différentes, pour montrer que selon les lieux, les gens, leurs choix sont différents."  

Dans son rôle de chanteuse, Elodie Bouchez interprète la chanson Coward de Vic Chesnutt. La réalisatrice a choisi cette chanson particulière à cause de ses paroles qui traitent de la lâcheté. Elle trouvait que le texte exprimait clairement les sentiments du personnage d’Elodie Bouchez vis-à-vis de celui joué par Cédric Kahn. « C’est presque un moment de comédie musicale confie la réalisatrice. Tout le récit de la scène passe par les paroles et la mélodie."  

 UN HIVER EN ETE a été monté avec un budget très inférieur à celui qui aurait été nécessaire pour le réaliser conformément au projet initial. Pourtant, la réalisatrice a décidé de le tourner quoiqu’il arrive, à cause de l’actualité de son sujet. Laetitia Masson cherche à stimuler l’imagination du spectateur sans le forcer. Elle-même n’a pas d’explication absolue, mais plutôt des impressions  : «  J’espère, dit-elle, créer un dialogue en n’étant pas univoque, et en proposant un certain mystère qui ne se dissipe pas immédiatement après la vision du film, qui persiste à le questionner." 

Pendant que Barbie se pavane en rose bonbon, que Yannick orchestre savamment un joli coup d’esbroufe, Un hiver en été le vibrant et délicat film de Laetitia Masson pourrait presque passer inaperçu tant sa sortie s’est déroulée silencieusement. Et pourtant pouvoir regarder ...

10 degrés en dessous de zéro, en plein mois de juin, vous imaginez un peu ? Plus rien n'étant impossible avec le dérèglement climatique, l'argument de départ du nouveau long-métrage de Laetitia Masson, Un hiver en été, tient à peine de la dystopie. Pour une fois, ...