CHRONIQUE D'UNE LIAISON PASSAGÈRE

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On appelle ça un « plan ». Un plan c’est une aventure, une histoire d’amour sans trop d’amour avec du sexe et pas d’avenir. Il est marié, elle pas, pourquoi ne pas se donner du bon temps ?

Emmanuel Mouret, dandy cinématographique connaît ses classiques, il marivaude comme il faut et il n’a pas sa langue dans sa poche. « Chronique d’une liaison passagère » résume avec son titre un peu pléonastique une liaison qui ne sera pas dangereuse, quoique.

Sandrine Kiberlain saisie par le désir et Vincent Macaigne en droopy séducteur se racontent une histoire dont il croient connaître la fin et que le public et la critique ont reçu, lors de la sortie en 2022 avec bienveillance. En France l’amour reste un bouquet de violettes.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA FEMME DÉFENDUE DE PHILIPPE HAREL (1997) (L'histoire d'une histoire. Un homme rencontre une femme. S'ensuit entre eux un rapport de fuite et de séduction, de désir et de rejet. La particularité du film est d'avoir été tourné en caméra subjective du point de vue de l'homme. Du coup tous les regards convergent sur la jolie Isabelle Carré.) ou encore LA FEMME D'À CÔTÉ DE FRANÇOIS TRUFFAUT (1981) (Un des grands films traitant de l'amour destructeur qui voit Gérard Depardieu et Fanny Ardant nouer une relation fusionnelle bien qu'illégitime, alors qu'ils vivent dans une extrême proximité. Un film étouffant sur le bonheur d'être malheureux (ou le contraire).).

C’est le onzième long métrage d’Emmanuel Mouret qui, à 52 ans, s’est imposé dans le cinéma français comme un lointain descendant d’Eric Rohmer. On cite à son propos quelques références prestigieuse comme Sacha Guitry, Woody Allen ou Marivaux (souvenons nous de « Mademoiselle de Joncquières », film en costume en 2018 ). Mais pas Pagnol bien qu’il soit natif de Marseille. « Chronique d’une liaison passagère » a été dûment exposé hors compétition au festival de Cannes, comme une oeuvre de bon goût.

Le sujet du film est l’inversion du tabou bourgeois. Jadis on s’engageait à s’aimer en prohibant (provisoirement en tout cas) toute relation sexuelle. Mais dans cette liaison-là, qui n’oublie pas Choderlos de Laclos, c’est l’inverse qui se produit. Les plaisirs de la chair se voient sublimés par l’interdit de la passion. Le cinéaste a fait travailler Kiberlain et Macaigne en amont sur le texte puis a opté pour de nombreux plans-séquences. Et avec le CinémaScope il a tenu à sublimer le mouvement perpétuel du désir et des amants.

Il retrouve aussi un acteur de sa troupe puisque Vincent Macaigne avait été du film précédent « Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait » (2020). En revanche c’est une première expérience avec Sandrine Kiberlain. Et c’est aussi une embardée  nouvelle dans son univers vers le couple illégitime. Il y a une gravité derrière l’art capricieux de la comédie chez Mouret. Un jour il pourrait bien nous virer tragédien.

Il aura fallu qu'Emmanuel Mouret s'émancipe de Rohmer, sans bien heureusement l'éclipser totalement, pour donner à son cinéma un nouveau souffle, une profondeur, cette forme de gravité sous la légèreté qu'il travaille depuis "Mademoiselle de Joncquières"."Chronique ...

Chez Emmanuel Mouret, on pense avoir trouvé le rempart contre les blessures sentimentales : on verbalise. Déjà dans son splendide film précédent, Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait, on opposait cette faculté très française à conceptualiser, mettre à distance, ...

Sous l’égide de Woody Allen (notamment par le fait que le caractère extravagant du personnage incarné par Sandrine Kiberlain n'est pas sans rappeler celui joué par Diane Keaton dans Annie Hall !), d’Ingmar Bergman (si vous ne comprenez pas quelle est la référence à ce ...