IN THE LOOP en VOD
- De
- 2009
- 101 mn
- Comédie
- Royaume-Uni
- Tous publics
- VM
PARCE QUE
S’il fallait placer In the loop sur l’échiquier de la production audiovisuelle, le film serait quelque part entre Dr. Folamour et la série The Office. Au chef d'œuvre de Stanley Kubrick, il emprunte le décor d’une nation au bord de la guerre, pendant qu’un petit groupe de gens supposément intelligents et responsables tentent de l’éviter. À la seconde, une mise en scène nerveuse qui porte déjà, dans ses seuls mouvements de caméra, une grande part du ressort comique de l’ensemble. Réalisée par Armando Iannucci, In the loop est en réalité dérivé d’une série de la BBC, The Thick of it, également créée par le scénariste écossais. En 2009, soit six ans après le début de l’intervention coordonnée en Irak, cette satire savoureuse imagine la frénésie de ministres et conseillers politiques britanniques et américains, alors que la probabilité d’un conflit au Moyen-Orient se rapproche de jour en jour.
La délicatesse de la situation n’a d'égale que la maladresse et l’incompétence crasse des personnages écrits par Iannucci. Simon Foster, un ministre britannique du développement international qui explique en direct à la radio que la guerre est « imprévisible », Malcolm Tucker, un directeur de la communication du Premier ministre odieux, mais aussi une secrétaire d’État américaine qui saigne des gencives et une tripotée d’assistants, sous-secrétaires d’État et journalistes curieux, qui permettent de révéler, en creux, toute l’hystérie de leurs (ir)responsables politiques. In the loop est construit autour de l’improbable ballet de ces figures qui se croient plus malignes qu’elles ne le sont et possèdent, bien malheureusement, un pouvoir décisionnaire largement supérieur à leurs capacités réelles.
Le film doit beaucoup à ses dialogues acérés, balancés comme autant de missiles par des personnages souffrant, pour beaucoup, d’incontinence verbale. Armando Iannucci place dans la bouche de Malcolm Tucker un nombre impressionnant d’insultes fleuries et la palme revient sûrement au moment où il traite Simon Foster de « Julie Andrews nazie ». Mais il fallait, pour que cela fonctionne, des acteurs à la hauteur, capables de s’emparer de ces savoureuses saillies à un rythme effréné. L’acteur écossais Peter Capaldi est imparable dans le rôle de Malcolm Tucker, qu’il tenait déjà dans la série originelle. Et face à lui, Tom Hollander parvient à traduire toute la petitesse intellectuelle d’une élite sclérosée, avec un mélange fascinant de bonhomie et de naïveté dans le costume de Simon Foster.
Empruntant au registre du « mockumentaire », ces faux documentaires à haute valeur humoristique dont The Office est devenue l’emblème, la mise en scène de Iannucci épouse la frénésie de ses dialogues et ses situations. De zooms saccadés en panoramiques heurtés, en passant par la caméra à l’épaule, l’image d’In the loop capture chaque regard gêné et chaque rictus, dans une chorégraphie aussi millimétrée qu’elle peut sembler désordonnée. Il y a, derrière cette satire hilarante et survoltée qui donne l’impression de passer dans une lessiveuse pendant 1h40, une très belle mécanique de précision.