L'EFFRONTÉE

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Avoir 13 ans est-ce un cadeau ? Avec, dans les pattes, la môme du voisin qui vous colle, une vraie glue. Avoir 13 ans et vivre parmi des adultes encombrés, encombrants. Avoir 13 ans le même âge que la jeune pianiste Clara Bauman et n’avoir rien fait de sa vie…

Charlotte n’est pas célèbre, celle du film en tout cas, celle hors le film l’est, elle, un tout petit peu. « L’effrontée » est le premier rôle en tête d’affiche de Charlotte Gainsbourg, fille de Serge G et Jane B pour ceux qui l’auraient oublié.

Le film, en 1985, fut un énorme succès et relança la carrière de son réalisateur Claude Miller. Il bénéficia de l’émouvante présence des enfants : Lulu jouée par Julie Glenn (fille de l’opérateur Pierre-William Glenn et nièce de Claude Miller) et de Clothilde Baulon incarnant la pianiste. Côté adultes Bernadette Laffont et Jean-Claude Brialy sont, comme souvent, délectables… Bienvenus dans les affres de l’adolescence…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DIABOLO-MENTHE (Parce que Diane Kurys s'est inspirée de sa propre adolescence pour écrire et réaliser cette chronique douce-amère qui se déroule au début des sixties.) ou encore À NOS AMOURS (Parce que Maurice Pialat aborde l'adolescence de façon plus crue que Claude Miller, et révèle une grande actrice en la personne de Sandrine Bonnaire (également récompensée d'un César).).

« Du moment que papa et maman sont d’accord » aurait dit la petite Charlotte. Ils l’étaient. Claude Miller cinéaste bien connu, incarnait alors un notable du cinéma français. Il sortait d’une oeuvre ambitieuse, onéreuse et dingue « Mortelle randonnée » (1983) avec Adjani et Serrault qui avait plombé son producteur mais laissé le cinéaste intact. N’avait-il pas ce cinéaste, déjà explosé le compteur avec « Garde à vue »  (1981) Serrault, Ventura, Romy Schneider, le tout sur un canevas de Michel Audiard ? A 43 ans Claude Miller était un jeune qui sublimait les vieilles gloires.

Charlotte il l’avait vu dans des bricoles : « Paroles et Musiques » d’Elie Chouraqui  (1984) et « La tentation d’Isabelle » de Jacques Doillon (1985). C’était une petite chose qui avait une voix minuscule et un art de baisser les yeux qui en disait long. Et ce sourire. Miller est donc allé voir l’enfant dans son collège en Suisse pour lui proposer de jouer une autre Charlotte. Un scénario écrit sur des souvenirs personnels, ceux d’Annie Miller, sa femme, avec aussi Luc Béraud, le complice de toujours, et puis l’enfance et la musique, tous les sortilèges passé et à venir. Charlotte a dit oui pour rire. Elle se voyait pas actrice.

Ce fut un tournage idyllique et un succès miraculeux : trois millions d’entrées sur le territoire national. La France adorait la belle enfant du poète maudit et de la gracieuse anglaise. Un fétu de paille. Une fée moderne. Toutes les petites filles allaient se retrouver en elle. L’histoire aurait pu être radieuse. Elle ne le fut pas tout à fait. Car, venu des Amériques, survint une accusation : les héritiers de Carson Mc Cullers y voyait une transposition de son roman « La ballade de Frankie Adams » (publié en 1946). Miller avait bien lu le roman mais il nia toute volonté d’adaptation sauvage. La réputation du film n’en fut pas affecté. César du meilleur espoir féminin pour Charlotte Gainsbourg, César de la meilleure actrice dans un second rôle pour Bernadette Laffont, voilà pour les médailles. Et, pour le film, le prestigieux prix Louis-Delluc.

Charlotte a 13 ans. Elle n'est plus une enfant, ni tout à fait une adolescente. Et c'est durant un été qu'elle va se composer, entre la découverte de l'amour, les amitiés, les engueulades avec ses parents, et la possible naissance d'une vocation. Bref, le terreau d'un être ...

Parce que ce film m'a fait porter une marinière pendant des années, que Charlotte est tellement parfaite dans le rôle et que "j"veux pas qu'Charlotte, elle s'en va avec la pianiste" est une réplique que j'utilise encore. Charlotte si un jour tu lis ceci et bien que tu n'en ...

Je gardais un vieux souvenir de L’Effrontée. Je l’ai vu pour la première fois à treize ans, l’âge qu’a Charlotte dans le film, et je me souviens avoir été hypnotisée par sa jupe en jean, sa marinière, la violence inutile de ses mots et cette solitude évidente au ...