LA VÉRITÉ SUR CHARLIE

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A son retour de vacances, une jeune mariée découvre son appartement et son compte en banque vides, et son mari mystérieusement assassiné. Avec l’aide de la police et d’un homme rencontré par hasard, elle tente de retrouver la trace de l’assassin et d’échapper en même temps à trois gangsters désireux de d’approprier un hypothétique butin. Tel est le synopsis du film de Jonathan Demme, LA VERITE SUR CHARLIE, co-écrit avec Steve Schmidt et Peter Joshua, l’auteur de la nouvelle originelle. 

A l’origine du film de Jonathan Demme, il y a CHARADE le film que  Stanley Donen réalisa en 1963 avec Audrey Hepburn et Cary Grant dans les rôles principaux. Mais le cinéaste s’est beaucoup écarté de son modèle en définitive et l’on peut difficilement parler d’un remake. En revanche, LA VERITE SUR CHARLIE se présente ouvertement comme un hommage à la Nouvelle Vague à travers de multiples citations plus ou moins littérales mais indéniables. 

Le film peut alors se regarder sous le prisme de ses références permanentes comme autant de petits cailloux blancs cinéphiles. On y entend chanter Anna Karina ou Charles Aznavour. Tous les hôtels s’appellent « Langlois » comme le créateur de la Cinémathèque française. Des extraits de TIREZ SUR LE PIANISTE et des reprises de LA MARIEE ETAIT EN NOIR  mettent régulièrement les films de François Truffaut au centre du propos. Agnès Varda fait une apparition dans le rôle de la veuve d’un philatéliste. Etc.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA MARIEE ETAIT EN NOIR (Demme convoque régulièrement ce polar signé François Truffaut, de même que TIREZ SUR LE PIANISTE) ou encore CHARADE (Le film der Jonathan Demme se veut le lointain remake du film de Stanley Donen CHARADE adapté du livre de Peter Stone, CHARADE).

Les très nombreux adeptes du film LE SILENCE DES AGNEAUX et de l’abominable Hannibal Lecter auront peut-être du mal à admettre que LA VERITE SUR CHARLIE est signé par le même cinéaste, Jonathan Demme. Preuve s’il en est que cet auteur manie l’éclectisme avec brio et peut passer d’un genre à l’autre avec aisance. Il est ainsi passé du thriller horrifique à un film inclassable volontairement loufoque, insolite et farfelu, plus proche de l’expérimentation que du film à succès programmé. 

Avec LA VERITE SUR CHARLIE, Demme tente manifestement de retrouver la fraîcheur des jeunes Turcs de la Nouvelle Vague, Godard et Truffaut en tête. Et notamment en faisant de Paris l’un des personnages principaux de son film, cette ville que les cinéastes de la Nouvelle Vague précisément n’ont cessé d’arpenter et de montrer. Elle est le décor idéal pour eux comme pour Demme. 

Mais, le temps ayant passé, Paris devient ici une sorte de ville musée, sans âge véritable, où roulent uniquement des DS et des 4L et où l’on porte le béret… Demme assume assurément ces clichés et ces caricatures et son film devient presque une lettre d’amour adressé à la capitale reléguant au second plan le polar initial. Dans ces conditions, on comprend pourquoi le film, à sa sortie, a en général désarçonné et la critique et le public. Mélange des genres oblige, Demme fit ainsi le pari du pur divertissement cinéphile.