SERPICO

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Pour son vingtième long-métrage, Sidney Lumet retrace 11 ans de la carrière du policier Frank Serpico jusqu’au moment où il témoigne de la corruption de l’institution policière et en subit les conséquences. Construit en flash-back, le film remonte à l’époque où le jeune policier sort de l’école de police, plein d’illusions.  

Mais petit à petit, il se rend compte que les tâches sont négligées, et que des enveloppes sont distribuées aux policiers pour qu’ils ferment les yeux. Il demande à changer de commissariat mais réalise que le même système sévit partout. Lorsqu’il se plaint à ses supérieurs, il est accueilli avec hostilité.  

Avec son chef opérateur Arthur Ornitz, Sidney Lumet a privilégié le réalisme, tournant dans pas moins de 104 extérieurs différents qui sont un témoignage précieux de l’aspect de la ville à cette époque. Dans le rôle principal, Al Pacino s’est totalement investi en se documentant auprès du vrai Frank Serpico. Il considère ce rôle comme l’un des meilleurs de sa carrière. Il lui a valu une nomination à l’oscar.  

 
Dans le même genre vous pouvez trouver COPLAND (Parce que c'est un contre-emploi de Sylvester Stallone, qui interprète un shérif sans envergure confronté à la corruption de la police new-yorkaise et à un parterre de stars (De Niro, Keitel...).) ou encore LE PRINCE DE NEW YORK (Parce que, dix-huit ans après "Serpico", Sidney Lumet réalise un second film consacré à la corruption dans la police : c'est une fresque de trois heures et également basée sur des faits réels.).

Serpico marquait les débuts à la production de Martin Bregman, qui produira par la suite trois autres films avec Al Pacino, dont Scarface. Il a eu du mal à monter le film, malgré le succès du livre dont il est inspiré. Les studios pensaient que les thrillers policiers n’étaient plus suffisamment rentables au box-office. Le succès considérable du film donnera raison à Bregman. Serpico est sorti en 1973, l’année où le scandale du Watergate a explosé, contribuant à l’effondrement de l’administration Nixon, entraînant à sa suite chaque institution qui semblait atteinte par la corruption. Pas étonnant si le public a apprécié la croisade d’un solitaire contre un système corrompu. Plus sobrement, Lumet résumait le thème de son film comme étant l’histoire d’«un rebelle animé par une vraie cause ».  

Lorsqu’il a été engagé, Al Pacino venait de terminer le tournage du Parrain, et s’était habitué à faire des prises multiples. Le contraste avec Lumet, qui tournait très vite, a été brutal. Le premier jour, il a tourné chaque scène en une prise. Le résultat a fini par être positif dans la mesure où l’acteur s’est senti stimulé par l’urgence et s’en est servi.  

Al Pacino avait invité le vrai Frank Serpico pour se préparer pour le rôle. Mais l’ancien policier a pris goût au cinéma et une fois sur le plateau, il semblait vouloir y rester.  Martin Bregman pensait que sa présence distrairait l’équipe et a dû insister pour le faire partir, au risque de le vexer. Serpico a quitté la police en 72 après avoir reçu une médaille d’honneur.  Il s’est exilé en Suisse, où il a fini par s’ennuyer avant de revenir aux Etats-Unis.  

Lumet tenait à laisser la priorité au son direct et aux dialogues, et c’est ainsi que la musique composée par Mikis Theodorakis a été réduite à 14 minutes pour un film de deux heures.  

Serpico a été tourné à rebours de l’ordre chronologique. Al Pacino a commencé avec les cheveux longs et une barbe, lesquels étaient régulièrement taillés à mesure que le film remontait dans le temps.

Serpico est le 5e film de mon marathon Lumet. Sorti en 1974, un peu avant Un Après-Midi de Chien, le film appuie là où ça fait mal, et comporte de nombreux thèmes chers à Lumet, comme la corruption, évoquée plus tard dans Le Prince de New York, l'homme livré à lui-même ...

Le flic des seventies est dans l’imaginaire collectif celui que les séries télévisées de l’époque ont façonné : intègre, héroïque, efficace et charmeur. Serpico propose un regard autrement plus abrasif sur le sujet en abordant de front la corruption généralisée ...

Serpico est un des seuls Lumet que j'aie eu l'occasion de voir dans ma vie. Je sais, j'ai honte. Mais je me soigne ! Le trouver à petit prix dans un bac DVD tout récemment m'aura donc permis de le redécouvrir, de nombreuses années après un premier visionnage qui déjà à ...