ARRÊTE TON CINÉMA !

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Le moment du premier film est un passage essentiel de la vie d’un réalisateur… Tant d’envies, tellement d’idées et de si nombreuses années à réfléchir au projet. Quand vient l’instant de passer derrière la caméra, le doute et l’envie s’entremêlent car tout dépend du metteur en scène débutant mais tout est également entre les mains d’intermédiaires qui ont parfois une conception diamétralement opposée du long métrage à venir !

C’est exactement ce que va vivre Sybille, l’héroine du film de Diane Kurys que vous allez maintenant découvrir. Actrice connue et reconnue, la jeune femme veut passer à la réalisation mais sa route va malheureusement croiser celle de deux productrices tout aussi fantasques que tyranniques. Et ce qui se présentait comme une aventure excitante va vite se transformer en parcours de la combattante !

Sylvie Testud incarne avec désespoir et courage cette artiste ballotée au gré des caprices de Josiane Balasko et Zabou Breitman. Une comédie grinçante en forme de miroir sur le monde du cinéma…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TONNERRE SOUS LES TROPIQUES (Quand le tournage d'un film vire au cauchemar ! Ben Stiller et Sylvie Testud vous invitent à un grand jeu de massacre...) ou encore LE DERNIER NABAB (On croit souvent que les artistes sont les vrais moteurs d'un film... Ces deux-là vous démontrent que tout se joue ailleurs : chez les producteurs aux méthodes parfois terribles...).

Sylvie Testud était la mieux placée pour jouer le rôle de Sybille, la comédienne apprentie réalisatrice que vous venez de voir se débattre avec la fabrication de son premier long métrage. L’actrice a elle-même tenté de monter un tel projet avant de renoncer, découragée, blessée par les méthodes dictatoriales et fantasques d’un couple de producteurs bien connus…

Trois semaines avant le début du tournage, il lui fallut abandonner, remercier équipe technique et renvoyer chez eux ses comédiens. Pour exorciser son deuil, Sylvie Testud a couché sur papier son expérience malheureuse dans un roman à succès : « C’est le métier qui rentre », sur les conseils de Diane Kurys, devenue une amie et une confidente depuis leur collaboration dans « Sagan » et « Pour une femme », deux films importants et remarquables de la réalisatrice de « Diabolo menthe ».

Elle reprend ici une mécanique qui a fait ses preuves au cinéma, parfois avec éclat : « The player » de Robert Altman, « Celebrity » de Woody Allen, « La nuit américaine » de François Truffaut, « Huit et demi » de Fellini, « Tonnerre sous les tropiques » de Ben Stiller ou « Maps to the stars » de David Cronenberg ont crûment et cruellement évoqué le 7e art, de ses turpitudes à ses éclats de génie. Une nouvelle fois d’ailleurs, l’histoire de « Arrête ton cinéma », consiste en un très joli portrait de femme, brossé par Diane Kurys.

La réalisatrice est une habituée de cet exercice. Au cœur de sa filmographie, citons en exemple «Coup de foudre » en 1983, l’histoire de la rencontre et de l’amitié quasi amoureuse entre deux femmes, au lendemain de la seconde guerre mondiale. Une relation devenant au fil des jours de plus en plus insupportable pour le mari de l’une d’entre elles… Miou Miou et Isabelle Huppert avaient à l’époque magnifiquement incarné ce duo féminin, offrant aussi à Guy Marchand et Jean-Pierre Bacri des personnages d’époux dépassés par les événements…

Le cinéma vu de l'intérieur, avec ses producteurs infâmes, ses collaborateurs traités comme des moins que rien et des scénarii qui évoluent selon l'humeur du big boss, voila le trait osé et abusé (enfin je l'espère!) de Arrête ton cinéma, ou l'histoire d'une actrice ...