F FOR FAKE (VÉRITÉS ET MENSONGES)

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Tour de passe, prestidigitation, imitation : c’est le destin d’un faussaire qui est évoqué dans « Vérité et Mensonges » (1973) du grand Orson Welles. Il y a du génie dans l’art de l’imposture, celle d’un peintre qui peint aussi bien que les maîtres qu’il copie.  

Mais c’est aussi l’art du cinéma que de travestir, provoquer l’illusion, donner à croire. A la manière des poupées russes, dans et hors le film, le cinéaste s’offre une méditation ironique sur le Septième Art et signe une œuvre qui n’est ni tout à fait une fiction, ni tout à fait un documentaire. 

Et d’ailleurs tout est dans le titre américain : « F for Fake » qu’on traduira littéralement par “F comme Faux”. Où est la vérité dans tout cela ? A vous de la trouver. Maintenant. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver HANUSSEN DE ISTVAN SZABO (1988) (L'histoire romancée d'un des plus grands hypnotiseur et illusionnistes d'Allemagne, dont le numéro remplira les salles, avant qu'il ne soit recruté par les nazis pour propager leurs visions de l'avenir. Mais le Reich n'est pas un numéro.) ou encore LE FAUSSAIRE DE JENNIFER GRAUSMAN ET SAM CULLMAN (Un documentaire sur l'incroyable épopée de Mark Landis peintre et faussaire de génie, qui, pendant trente ans a copié des centaines d'oeuvres de grands artistes avec une telle qualité de reproduction que même les conservateurs des musées s'y sont laissés avoir. Vérités ou mensonges ?).

C’est, à l’issue du long chemin de croix qui caractérise la dernière partie de la carrière d’Orson Welles, l’étape ultime. Il réalisera encore en 1978 « Filming Othello » sorte de making of à retardement sur son propre film, mais ce sera pour la télévision. « F for fake » est cosigné avec le français François Reichenbach, lequel a réalisé la plupart des prises de vue et fourni du matériel documentaire à partir d’un film auparavant réalisé sur… Orson Welles. 

Des années 30 jusqu’au 10 octobre 1985, date de son décès à l’âge de 70 ans, Orson Welles a été un alchimiste du cinéma. On cite évidemment son « Citizen Kane » (1941), premier film génial d’un artiste tout terrain, régulièrement mentionné en tête de tous les classements de cinéma patrimonial. Mais on rappellera aussi « La splendeur des Amberson » (1942), « La dame de Shangaï » (1948), « La soif du mal »( 1958)... 

On se souvient qu’en 1942 le géant avait signé « It’s all true », une œuvre inachevée et qui, déjà, fouinait entre la vérité et l’artifice, le reportage et le film à la première personne. C’était en réalité le début d’une errance pour un cinéaste incompris par Hollywood, poursuivi par le fisc et suspect aux yeux de la commission des activités antiaméricaines. L’Europe et, singulièrement la France, l’ont accueilli dès la fin des années 50 mais hélas son cinéma, de plus en plus ésotérique, fut sous financé. « Vérités et Mensonges », film bricolé, médite sur l’art, à la manière d’un Godard. La fin de carrière d’un sage. 

Essai cinématographique, prenant l’allure d’un documentaire sur le thème du mensonge dans le monde de l’art avec en personnage central le peintre Elmyr de Hory mis en lumière par son biographe, Clifford Irving. Ce film est l’aboutissement de l’œuvre d’Orson Welles, ...

On ne sait pourquoi F for Fake est souvent considéré comme une œuvre mineure . Si ce film a effectivement été réalisé avec des bouts de ficelles (cela faisait déjà longtemps que Welles était classifié comme non-rentable et tout à fait incontrôlable par le Business), ...

A l’époque de Welles, le terme documenteur n’existait pas, et on pourrait peut-être lui en attribuer la paternité : F for fake, dont le sujet est presque impossible à circonscrire, traite du faux dans l’art, voire comme de son essence : un mensonge qui permet de comprendre ...