MONSIEUR VERDOUX

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Monsieur Verdoux est distingué et le chéri de ces dames. Surtout quand elles ont un peu de bien. Mais il ne fait pas que faire battre leurs cœurs, il s’arrange aussi pour qu’ils s’arrêtent.  

Le huitième long métrage de Charlie Chaplin enterre définitivement Charlot, le joyeux vagabond, pour y substituer un personnage infiniment plus noir, et un point de vue terriblement misanthrope. Il faut dire que nous sommes en 1947 et que plus de cinquante millions de gens viennent de mourir, victimes de la Seconde Guerre Mondiale. 

Verdoux est un tueur en série humilié par son chômage et la difficulté de ne pouvoir nourrir sa famille. Un criminel de devoir mais une pulsion bourgeoise dissimulant une misogynie envers les veuves joyeuses. Un film d’humour noir, un film de boulevard tragique. Une œuvre unique, regardez… 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver FARGO (Parce que les frères Coen ont l'art de mélanger le drame et la comédie, de nous faire sourire, comme Chaplin dans "Monsieur Verdoux", avec des crimes affreux.) ou encore LANDRU (Parce que Claude Chabrol (derrière la caméra) et Charles Denner (sous la barbe) reconstituent la vie de Landru, tueur de femmes et modèle de Monsieur Verdoux.).

C’est Landru qui a permis à Chaplin de faire ce film. Plus précisément, c’est Orson Welles, alors qu’ils dinaient ensemble, qui a raconté l’histoire à son prestigieux ainé, de ce tueur français qui séduisait des héritières un peu mûres avant de les occire. Illico le cinéaste paie 5000 dollars les droits de l’histoire, crédite le génie de « Citizen Kane » au générique et s’attaque au premier film dans lequel il va jouer un méchant. Le paradoxe Chaplin dont le héros pouvait être cruel s’exerce là. Oui la tragédie peut être comique.  

L’acteur joue le personnage avec cette sorte de détachement parodique et maniaque qui fut celui de Charlot. Mais il n’est pas insensible, loin de là, il joue le jeu absurde des apparences dans une société qui l’est. Landru qui était intelligent et cultivé avait tué dix femmes mais il était aussi un acteur qui fit un tabac lors de son procès. Ce que restitue Chaplin dans une composition terriblement ambiguë où il ne rend pas totalement son personnage antipathique. Le cinéaste met quatre ans à écrire son scénario. Il revient sur les écrans sept années après « Le dictateur », son dernier film, le cheveu blanc, élégant comme le vieux-beau qu’il est devenu.  

Évidemment la perversion du sujet met l’Amérique pudibonde mal à l’aise, d’autant qu’entre-temps l’artiste a dû subir un procès en paternité qu’il perdra, alors que la preuve était faite qu’il n’était pas le père de l’enfant concerné. Le FBI et les milieux conservateurs veulent la peau du petit homme dont les sympathies progressistes sont assimilées à du communisme. Le tournage très préparé dura trois mois et fut harmonieux. Mais le film fut mal accueilli, accompagné d’une campagne de dénigrement moral qui allait pousser Chaplin à quitter définitivement les Etats-Unis cinq ans plus tard. Pour la première fois Chaplin arbore là une vraie moustache. « Moustache », en français dans le texte. 

Film assez mal accueilli en son temps, et qui rompt clairement avec la filmographie la plus célèbre de Chaplin, M. Verdoux solde les comptes. Avec l’âge d’or d’un cinéma muet et du pantomime, tout d’abord, par une tragi-comédie assez ambivalente. Chaplin ne se refait ...

Tragi-comédie noire signée Charles Chaplin, Mr Verdoux est le premier film où il va abandonner son personnage de Charlot et surtout le symbole de son déclin populaire dans le pays de l'oncle Sam. Il était alors en pleine tourmente dans sa vie privée à cause d'un procès ...

Ce film est né d'une conversation entre Chaplin et Orson Welles en 1944, où suivant l'idée de ce dernier, Chaplin s'est inspiré du personnage de Landru, mais bien que l'action soit située en France et à Paris dans les années 30, ce n'est pas une reconstitution des faits ...