PIÈGE MORTEL

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Jusqu'où iriez-vous pour la gloire ? Jusqu'au meurtre ? Michael Caine, lui, est prêt à tout. A moins que ce soit Christopher Reeve … Vous serez bien en mal de découvrir avant la toute fin qui manipule qui dans ce film machiavélique adapté en 1982 par Sidney Lumet d'une pièce à succès d'Ira Levin.

"J'ai été séduit, avouait Lumet, par l'humour de la pièce et par l'habileté des retournements de situation. On pressent très tôt qu'il y aura un meurtre, mais qui sera tué, et comment ? Les rapports entre les personnages changent constamment, et chaque fois que l'on croit pouvoir anticiper sur l'action, celle-ci vire à 180 degrés." On ne peut mieux dire.

Piège mortel est un film poupée russe où le spectateur est constamment pris par surprise à la manière du Limier de Joseph L. Mankiewicz auquel Lumet fait un gros clin d'oeil en la personne de Michael Caine. Des années auparavant, chez Mankiewicz, Caine était le jeune homme convoqué dans son manoir par Laurence Olivier. Ici, c'est lui qui invite Christopher Reeve, resté célèbre pour avoir incarné Superman. Si ce jeu du chat et de la souris a les apparences du théâtre filmé traditionnel, il bénéficie aussi de la patte ô combien experte de Sidney Lumet, réalisateur de Serpico, Douze hommes en colère et The verdict. Se laisser piéger par lui est plus qu'un plaisir, c'est un honneur. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE LIMIER-SLEUTH DE KENNETH BRANAGH ou encore LE LIMIER DE JOSEPH L. MANKIEWICZ .

Sidney Lumet, né en 1924, est un humaniste, un pur, un dur. Un cinéaste citoyen. Il a réalisé des films plaisir, sans message, comme Piège mortel ou Le crime de l'Orient Express, mais dans ses grands films, il n'a cessé de vouloir améliorer la société américaine et n'a peint que des marginaux, des entêtés, des solitaires. Un peu à son image finalement, lui qui a toujours fui Hollywood. En 1957, dans Douze hommes en colère, son premier film, un juré obstiné fait pencher la balance vers la présomption d'innocence.

Dans les années 70, où le paranoïa tenaille l'Amérique, il appelle à la vigilance civique avec des héros comme Serpico, le flic incorruptible, en 1973, ou avec, toujours interprété par Al Pacino, ce petit braqueur de banque qui hurle au visage des médias voraces dans Une après midi de chien en 1975. Un an plus tard, Lumet s'en prend directement à la télévision et son cynisme avec Network où William Holden semble le dernier représentant d'une éthique journalistique. Dans les années 80, la corruption a gagné mais Lumet s'entête à la manière de Paul Newman dans Verdict. Cet avocat devenu une loque alcoolique va trouver l'énergie de combattre les grands pontes d'un hôpital qui refusent de reconnaître une erreur tragique.

Se révolter toujours. Contre le système, contre le silence. Même si c'est de plus en dur, comme pour Melanie Griffith, devenue policier pour obéir à la tradition dans Une étrangère parmi nous en 1992. Et, en 2007, Lumet nous fait une grande leçon de morale dans l'impressionnant 7h58 ce samedi là, où deux frères ont bien tort de succomber à l'appât du gain. En 1988, le magnifique et trop méconnu A bout de course peut passer pour la synthèse de son cinéma engagé : un adolescent, joué par River Phoenix, est contraint de suivre ses parents communistes dans leur fuite perpétuelle. Dans le film, River Phoenix est, en quelque sorte, victime de l'idéal de ses parents activistes de gauche. Mais on sent tout de même la tendresse de Lumet pour ces deux rêveurs qui continuent le combat... 

Le film rappelle en effet parfois un peu le Limier, (impression augmentée par la présence de Caine, ici dans le rôle de l'auteur à succès) jusqu'à avoir par instants des aspects de parodie du film de Mankiewicz (et de tous ces films policiers plus ou moins en huis-clos qui ...

Séduit par la pièce de théâtre Deathtrap écrite par Ira Levin et mise en scène par Robert Moore, le cinéaste Sidney Lumet décide de l'adapter pour le grand écran au début des années 80, avec la complicité de Jay Presson Allen au scénario. Limité dans son cadre et ...

Adapté d'une comédie policière, ce qu'on appelle une "murder party", Piège mortel est un film à prendre par son début, en ne ratant ni les premières minutes, ni les dernières, tant l'habileté des retournements de situation est prépondérante. Cinéaste mais aussi homme ...