SAINT LAURENT

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Il est des gens, comme cet homme-là, qui ont la grâce, l’élégance, l’intelligence et le talent… Cela n’exclue pas les zones d’ombre, les névroses, les dérives et les excès mais dans le cas d’Yves Saint-Laurent la lumière l’emporte sur l’ombre. Bertrand Bonello nous propose un patchwork fascinant, tissé de mille fragments de l’artiste couturier, créateur de mode, à moins qu’il ne l’ait réinventé… 

Le scénario le suit de sa révélation en 1967 à l’année 76, date du début de sa longue dépression… C’est Gaspard Ulliel qui endosse le costume de Saint Laurent, lui donnant à la fois la beauté, la fragilité et une certaines perversité… On suit le couturier dans ses phases intenses de création, dans la construction de ce qui deviendra un empire financier, auprès de ses muses mais aussi dans ses frasques sexuelles et ses nuits stupéfiantes à tout point de vue… 

Jérémie Rénier en Pierre Bergé ou Louis Garrel en Jacques de Basher l’amant maudit installent un climat esthétique et vénéneux, renforcé par Léa Seydoux, Amira Casar ou Helmut Berger qui lui incarne le couturier sur ses vieux jours…

Le cinéma est un matériau imprévisible, qui néglige parfois des sujets évidents pour d’un coup s’y intéresser avec frénésie… C’est le cas de la vie romanesque d’Yves Saint Laurent. Le film de Bertrand Bonello que vous venez de voir, intitulé « Saint Laurent » est sorti à l’automne 2014, quelques mois seulement après « Yves Saint Laurent », signé lui Jalil Lespert, pour lequel Pierre Niney a reçu le César du meilleur acteur… La haute couture est d’ailleurs coutumière du fait puisque le destin de Gabrielle Chanel avait lui aussi inspiré deux longs-métrages arrivés simultanément sur nos écrans. Le premier « Coco avant Chanel » d’Anne Fontaine avec Audrey Tautou en avril 2009 suivi de « Coco Chanel et Igor Stravinsky » de Jan Kounen avec Anna Mouglalis et Madds Mikelsenen décembre de cette année-là… 

Il est vrai que cet univers de la mode est un formidable terrain de jeu pour l’imaginaire des cinéastes, peuplé de fantasmes, de rumeurs et de parcours hallucinants. Certains l’ont tourné en dérision ou en comédie comme dans « Le diable s’habille en Prada » de David Frankel, « Bruno » de Sacha Baron-Cohen ou « Zoolander » de Ben Stiller. D’autres se sont intéressé au génie créatif, parfois rude pour leur entourage, de ces artistes qui chaque année doivent inventer ce que les femmes et les hommes vont porter, comme Paul Thomas Anderson dans « Phantom thread » ou « Falbalas » de Jean Becker… 

Il y a également ces cinéastes qui montrent les coulisses parfois peu reluisantes des défilés et des shootings photos comme Nicholas Winding Refn dans « The neon demon » ou Sofia Coppola dans « The bling ring »… Enfin, on peut aussi contempler crument et sincèrement la réalité dans un passionnant documentaire consacré à une de ces idoles de la mode victime de sa propre gloire dans le documentaire « McQueen » sortie en 2018 et consacré à Alexandre McQueen, virtuose de la création, passé chez Dior avant de lancer sa propre maison… Il devait se suicider en 2010 à l’âge de 40 ans seulement…

On ne sait pas vraiment par quel bout prendre le nouveau long-métrage de Bertrand Bonello. Entourée d'une petite aura de scandale, sa production simultanée à celle de l'autre biopic sur YSL, le fade, le commercial, l'officiel, puis sa sortie en salles retardée et sa sélection ...

Quelque mois après le biopic très classique et peu inspiré de Jalil Lespert sort le Saint Laurent de Bertrand Bonello. Les ambitions ne sont clairement pas les mêmes : si le premier film se veut être une imitation (trop ?) fidèle du créateur, le second film s’affirme comme ...

Le bruit des doigts sur l’étoffe, de la lame qui la tranche et des souffles courts ouvre l’immersion dans les arcanes du style par le disciple Bonello chez le maitre YSL. Délicat, presque documentaire, le regard semble cantonné à l’embrasure des coulisses, hommage à ...